Théâtre à Cheseaux-sur-LausanneJean Chollet vous invite à bord de son Bateau-Lune
Le pasteur retraité, artiste et ancien directeur du Jorat et des Terreaux, a créé un théâtre de poche à la campagne. Rencontre dans un lieu enchanteur.

Un cadre enchanteur pour raconter des histoires. Jean Chollet nous invite à monter à bord de son Bateau-Lune, théâtre de poche niché dans les murs d’une ancienne église à Cheseaux-sur-Lausanne. Cette petite salle de 50 places abritera, dès le 31 août, une saison garnie de quatorze spectacles, dont trois productions jeune public. À l’ombre du magnifique tilleul trônant devant la bâtisse, le pasteur retraité, écrivain, comédien et metteur en scène nous conte ce nouveau chapitre de sa vie et dévoile ses desseins pour ce théâtre résolument tourné vers la campagne.
«Je ne suis pas sponsorisé par une église, mais la programmation a une couleur spirituelle.»
«L’idée n’était pas de créer un lieu de plus dans la région lausannoise, mais de fonder une salle de spectacle destinée à la population du Gros-de-Vaud», résume l’ancien directeur du Théâtre du Jorat, à Mézières, et de l’Espace culturel des Terreaux, à Lausanne. Les spectacles, qui se veulent grand public, s’inscrivent dans la lignée de sa programmation aux Terreaux, teintée de spiritualité. Il précise, en souriant: «Je ne suis pas sponsorisé par une église, mais il y a une couleur spirituelle.» Son autre vœu, à terme, est d’offrir aux artistes romands un temps de représentation bien plus long que la tendance actuelle: «Mon but est d’accueillir chaque mois un spectacle qui resterait à l’affiche au moins trois semaines.» Dont les créations de sa compagnie, La Marelle.
Comme dans toute bonne histoire, l’épopée du Bateau-Lune a connu son lot de rebondissements. Reprenons depuis le début. À l’heure de prendre sa retraite, en 2019, Jean Chollet ne compte pas regarder passer les jours dans une oisiveté forcée: «J’ai voulu me remettre en selle tout de suite!» Il songe donc à créer un petit théâtre dans cet ancien lieu de culte dont il est copropriétaire. «L’édifice a été bâti en 1882 par l’Église libre puis offert à la paroisse de Cheseaux. Elle n’a pas voulu la garder, je l’ai donc racheté il y a une trentaine d’années avec quelques copains de la Cie de la Marelle et nous l’avons utilisé comme espace de répétition.»
Les ennuis s’accumulent
En deux temps trois mouvements, l’église se mue en charmant théâtre prêt à accueillir ses spectateurs. En décembre 2019, Jean Chollet annonce un premier spectacle, «Scrooge». Et voilà que trois jours avant débarque la commission technique de la Ville de Lausanne: «Vous ne pouvez pas jouer, les lieux ne sont pas aux normes.» Pourtant, l’homme de théâtre avait fait les choses dans l’ordre: «Comme le terrain se trouve sur une enclave lausannoise, j’avais passé un coup de fil à la Ville. On m’avait répondu qu’il fallait que je regarde avec la Commune de Cheseaux. Tout était en ordre.» Finalement, la commission technique et le directeur trouvent un terrain d’entente: trois pièces pourront être jouées entre décembre et février, mais il faudra entamer des travaux pour la suite.

Au printemps 2020, les ennuis s’accumulent. Le Covid débarque et les institutions culturelles ferment. En parallèle, la Ville de Lausanne pointe une faille dans le projet du Bateau-Lune: le terrain se situe en zone intermédiaire. «Là, on me dit que je ne suis pas autorisé à créer un théâtre ici.» Le choc encaissé, une solution s’esquisse: inscrire l’église aux Monuments historiques exclurait toute transformation de la zone. «Le Service des monuments et sites est entré en matière, même si ce n’est pas un édifice que les touristes japonais viendront visiter!» plaisante Jean Chollet. Le récit se referme sur un happy end: les travaux sont achevés et le Bateau-Lune est prêt à accueillir son public.
Une région qui grandit
«Au départ, j’avais un peu peur de ne convaincre que les nostalgiques du Jorat et des Terreaux qui me suivent, confie l’homme de théâtre. Mais sur les 130 abonnements que j’ai vendus en 2019, 115 ont été pris par des gens que je ne connaissais pas du tout.» Preuve que le public des villages environnants répondra présent pour cette première «vraie» saison? «J’espère! On est dans une région qui grandit énormément.» Et Jean Chollet a un sacré atout dans sa manche, celui de l’accessibilité: la salle est située à deux pas de l’arrêt du LEB Bel-Air, et l’entreprise voisine prête gratuitement son parking en soirée.
Restera à assurer l’avenir financier de ce petit théâtre, qui ne compte aujourd’hui qu’une aide de 4000 fr. de Cheseaux. «J’essaie de créer un club des communes environnantes afin d’obtenir un peu plus de soutien et pour compléter la part qui ne pourra pas être complétée par la billetterie.» Et faire naviguer, longtemps, ce Bateau-Lune dans ses aventures théâtrales.
Achat des abonnements dès juin.
Puis ouverture de la billetterie le 1er août pour «La terre de mon père» et le 20 août pour la suite de la saison.www.bateaulune.ch
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