Exposition à GenèveJR et les femmes, un solo show à ne pas rater
Rencontre avec l’artiste français lors du vernissage de sa poignante exposition «JR: Women» chez Pace Gallery à Genève.

L’accrochage irréprochable des collages photographiques du fantastique artiste français JR est à découvrir à la galerie Pace jusqu’au 18 juillet. Il s’agit d’une sélection de pièces tirées de son projet «Women Are Heroes», débuté en 2008 et en marge de la sortie de son livre «Artist Until I Find a Real Job» qui retrace sur 1472 pages la pratique de l’artiste de 40 ans. On ne sort pas indemne de cette découverte, tant les regards des femmes en disent long sur qui elles sont mais aussi sur les préjugés et les non-dits de leur lieu de vie. Alors, quand c’est JR lui-même qui nous guide…
Comment avez-vous sélectionné les œuvres exposées chez Pace à Genève et pourquoi?
«Women Are Heroes» (WAH) est un de mes plus importants projets, qui m’a fait réaliser au fil des années et des voyages que mon art prenait le plus de sens au sein des communautés. Comme par exemple, lorsque j’ai découvert des regards au Brésil en recadrant les images à la taille des maisons. Quinze ans après le début de cette aventure, je me rends compte que je ne peux pas garder toutes mes œuvres dans mon atelier et je souhaite désormais que des gens puissent les voir et en profiter. Il y a les collages, surtout de mes débuts, avec cette énergie de la vingtaine que je n’ai plus (rires…)!
Que souhaitez-vous que le lecteur retienne des 1472 pages de votre livre «Artist Until I find a Real Job»?
Je me suis rendu compte qu’il y a le travail que l’on voit, mes projets dans l’espace public à travers le monde, mais les gens ne connaissent pas forcément mon travail en atelier. Un travail basé sur des œuvres. C’est assez dingue de redécouvrir tout cela et de le partager sur 1472 pages. J’espère que les lecteurs apprécieront.
«J’ai grandi entouré de femmes. Elles sont le pilier de notre communauté.»
Pourquoi les femmes occupent-elles une place aussi prépondérante dans votre travail?
J’ai grandi entouré de femmes. Elles sont le pilier de notre communauté. Lorsque je voyageais pour WAH, je me suis rendu compte qu’elles étaient souvent les premières victimes en temps de conflit mais aussi de paix. J’ai voulu démontrer cela en tirant des portraits de femmes et en demandant à des hommes de les coller dans la rue. Ils devenaient ainsi partie prenante de leur réhabilitation.
On dirait que la limite entre la vie et l’art s’estompe chez vous, n’est-ce pas?
Je vis mon art. Les voyages et les rencontres deviennent des œuvres, des interactions continuelles. Le process dans mon travail est la vie. C’est pour cela que c’est un miroir de qui nous sommes et de ce que nous faisons, presque c’est comme une étude sociologique.
Vous n’arrêtez jamais: sur quels projets travaillez-vous actuellement? Ou sur quel lieu?
J’aime bien avoir plusieurs projets en parallèle. Certains peuvent parfois prendre des années à aboutir. L’année 2023 s’annonce bien chargée: nous préparons une exposition à Rome pour septembre. Il y a aussi un film sur les prisons américaines. Et un autre au long cours, un peu comme celui tourné avec Agnès Varda. Un projet au Brésil et une fresque à Miami ainsi qu’un immense projet à Paris qui j’espère se réalisera!!
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