Échos de Voix de FêteJulien Granel, chanteur à moustache, fait sensation à Genève
Pour ses 25 ans, le festival s’est éclaté sur la dernière variété, musique énergique et paroles tendres amères. On est sérieux quand on a 25 ans, mais on aime la fête quand même.

«Laisse passer la tempête, on est plus fort que ça.» Répéter deux fois. Et sauter, sauter encore, tous collés les uns contre les autres. Vu samedi soir tard dans la salle communale de Plainpalais, pour la soirée idéale de Voix de Fête, son climax au final de cette 25e édition.
Où le grand art de Julien Granel fait un carton, transformant la Guinguette du festival, son espace découverte, en antichambre des Arena de Suisse, de France et de Belgique, en tout cas. Le chanteur que voici est un homme-orchestre, claviers et samplers autour de lui, baskets ultra-élastiques aux pieds, il en faut pour sauter vraiment.
Julien Granel est né en 1995. Une tournée en première partie d’Angèle, un puissant relais sur les réseaux sociaux également, ont fait de ce personnage haut en couleur la sensation du moment, simple dans les touches (du disco revisité, c’est à la mode), simple dans les mots (l’amour, la vie, des choses et d’autres qui touchent, avec «sincérité»). On remarque sa moustache années 1960, comme les Beatles dans «Penny Lane», ou, plus tardif, comme Al Yankovic, le chanteur caustique qui pastichait Michael Jackson dans les années 1980. Qui s’en souvient?
Les dizaines de spectatrices qui patientent devant l’entrée de la Guinguette? Elles sont à peine majeures. Prétendre qu’elles ne savent rien de ces références passées serait oublier combien internet, les parents aussi, ont bossé le sujet. Pour le reste, le business, la scène chanson en 2023 reste un immense accélérateur de tout et son contraire. Qui laisse sur le carreau les tenants de l’ancienne manière, frissonnant piano-voix de Florent Marchet dans le Casino-Théâtre voisin, maigre affluence. Le même business qui fait une star express de ce drôle de type en survêt coloré, Granel et son peps de feu. Et consacre presto l’allure égotique quoiqu’assez légère, très dynamique aussi, de Pierre de Maere, sur la Grande Scène celui-là, idem la chanteuse Adé juste après lui.
Confessions contemporaines
On sautait beaucoup ce soir-là. Les têtes tournaient. D’ailleurs, il n’y avait pas que des jeunes gens dans la place, beaucoup de parents aussi, venus seuls, assurément consentants et ravis. Il doit y avoir un truc. Internet, en effet, met tout ensemble qu’à la fin, tout se confond. Pierre de Maere, par exemple, fait terriblement penser à l’humoriste Paul Mirabel. Vu sur YouTube et puis TikTok. Une même idée globale de la confession entre quatre yeux.
Dans les années 70, lorsque Renaud rencontrait Coluche au Café de la Gare, on comprenait tout de suite qu’ils faisaient la paire, oui, mais jamais on n’aurait confondu qui faisait l’humoriste ou le chanteur. Moralité? Il n’y en a pas, on est en 2023.
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