Théâtre, expoL'art de Pussy Riot célébré à Londres
Le groupe contestataire russe, devenu l'ennemi juré du président Vladimir Poutine, sera présenté à la Saatchi Gallery.
Pussy Riot, le groupe contestataire russe débarque à Londres avec une exposition et une pièce de théâtre immersif racontant l'effroyable expérience carcérale vécue par deux de ses membres dans les geôles russes.
Le groupe fait partie des artistes présentés à partir de jeudi à la Saatchi Gallery dans le cadre d'une exposition intitulée «Art Riot» revenant sur l'art militant russe de ces 25 dernières années, et qui coïncide avec le centième anniversaire de la révolution russe.
Un art militant vital pour la Russie, souligne Maria Alekhina, emprisonnée pendant 21 mois dans une colonie pénitentiaire des monts Oural pour avoir participé en 2012 à la fameuse prière punk «anti-Poutine» du groupe dans une cathédrale moscovite. «L'art militant, c'est une manière de changer les choses», assure-t-elle à l'AFP lors d'une présentation à la presse.
«Nous ne nous attendions pas à nous retrouver en prison, ni à faire l'objet de tant d'attention», raconte-t-elle à propose de l'épisode de 2012. «L'important, c'est de faire des choses, de voir ce qui se passe (...). Toutes les grandes choses étaient petites au départ».
La Pussy Riot Nadejda Tolokonnikova, également emprisonnée pour la «prière anti-Poutine», fera de son côté le récit de ces évènements dans une pièce de théâtre immersive. «Il était très important qu'on communique aux gens que ce qui nous est arrivé peut arriver à n'importe qui», avait expliqué en juillet l'artiste dans une interview avec l'AFP.
Cette pièce de théâtre, tout comme l'exposition, n'auraient jamais pu voir le jour en Russie, estime Maria Alekhina.
Alors que certaines critiques, y compris des «alliés» du groupe comme l'opposant russe Alexeï Navalny, accusent Pussy Riot de faire «des petits larcins pour se faire de la pub», le commissaire de l'exposition, Marat Guelman, prend lui volontiers sa défense.
«Quand la politique s'effondre, qu'il n'y a pas de médias libres, l'artiste devient la dernière personne libre qui parle au gouvernement, qui dit la vérité, et qui n'a pas peur», dit-il.
«Nous voulons faire une exposition où l'artiste lui-même est important, et pas seulement l'art».
«Tout est possible!»
Lui-même connu pour ses projets provocateurs, ce galeriste russe avait affirmé avoir été limogé de son poste de directeur du musée d'art contemporain de Perm, dans l'Oural, après un scandale autour d'une exposition se moquant des JO de Sotchi de 2014.
Parmi les oeuvres exposées figurent plusieurs vidéos montrant des performances des Pussy Riot, ou encore des portraits géants de ses membres, visages recouverts de ces cagoules colorées qui font partie de leur signature graphique.
Visible jusqu'au 31 décembre, l'exposition met également à l'honneur le plasticien russe Oleg Kulik, connu pour ses performances d'«homme-chien» censées représenter la vie en Russie après l'effondrement de l'Union soviétique.
Mais aussi Piotr Pavlenski, récemment mis en examen en France pour avoir mis le feu à une façade d'une succursale de la Banque de France à Paris. L'artiste et sa compagne, qui défient régulièrement le Kremlin, avaient obtenu en mai l'asile en France. Un exil qui concerne nombre d'artistes, souligne Marat Guelman en insistant sur la difficulté de monter des expositions en Russie.
«C'était impossible», se rappelle-t-il. «Il y avait cette blague qui disait que de nombreux talents sont certes nés en Russie, mais que beaucoup n'y mourront pas», faute de pouvoir y rester, raconte-t-il, notant que la diaspora russe avait fini par devenir une force culturelle «très puissante».
Malgré les contraintes, Marat Guelman et Maria Alekhina restent persuadés que la Russie peut toujours être un formidable incubateur artistique. Ou comme le résume Maria Alekhina: «Tout est possible!».
AFP
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