L'enceinte romaine d'Avenches sera restaurée
Un ambitieux projet a vu le jour à Aventicum. Spécialistes, élus et archéologues comptent revaloriser la plus grande enceinte romaine de Suisse par un concept paysager, biologique et touristique
Unique en Suisse, classé d'importance nationale mais quelque peu délaissée face à l'ampleur de la tâche, la majestueuse enceinte romaine d'Aventicum est bien partie pour retrouver de son decorum. Un comité de pilotage local vient de réunir le fonds nécessaire à une première tranche de rénovation d'une des plus grandes murailles urbaines au nord des Alpes (lire ci-dessous). Longue de 5,5 km, crénelée de 73 tours massives et de portes monumentales, elle couronnait la capitale des Helvètes et montrait la puissance de Rome. Aujourd'hui, le projet est de parvenir à une mise en valeur complète de son parcours via tout un concept archéologique, biologique, touristique et paysager.
Derrière le projet, l'association Aventicum MMXV, créée pour les 2000 ans de la cité. Et une volonté: mettre en place un lobby au chevet du vaste monument.
Car si la quasi-totalité de son tracé reste visible (une portion fait office de frontière cantonale et une autre perce encore dans la zone industrielle moderne), seul un tronçon est réellement visitable. Le reste est perdu dans une intense végétation, et le tout est de plus en plus victime du climat. «Cette année, le gel a été exceptionnellement long et a fait sauter plusieurs pierres. Il y a en plus les racines et l'eau qui s'infiltrent, explique Noé Terrapon, responsable technique de la conservation des monuments pour le site d'Avenches. On peine à suivre. Et à partir de maintenant, les dégâts vont être exponentiels.»
Visant en priorité les segments menacés, le projet entend conserver et mettre en évidence les murs suivant leur état. Il s'agira de consolider les portions les mieux conservées, de protéger par du remblai et de la pierraille les sections les plus basses. Et d'utiliser un mortier spécialement conçu pour les maçonneries romaines. L'ouvrage promet d'être particulièrement délicat à la porte de l'Est, modèle de reconstruction des années 1920. Là, il faudra intervenir sur les restaurations anciennes tout en cernant la substantifique moelle de l'édifice. «On va certainement mieux comprendre certaines choses. Ce sera utile pour savoir comment restaurer l'enceinte et la rendre au public», se réjouit Thomas Hufschmid, archéologue en charge des monuments.
Marquage arborisé
Au-delà des pierres, la valorisation se veut surtout paysagère, avec une savante utilisation de la végétation en place – ou à planter – afin de marquer l'emplacement des tours et des murs. «On peut mettre en valeur des volumes, souligner la continuité des vestiges, le tout avec des espèces indigènes, réfléchit Roman Hapka, directeur suppléant de la Fondation pour le paysage. C'est un concept idéal pour le site, qui associe déjà un environnement naturel et des ruines. Il y a un énorme potentiel.»
La restitution végétale de structures antiques a par exemple déjà été appliquée à Xanten (D), où un véritable parc archéologique arborisé a repris, avec succès, le tracé de la ville antique. A terme, le Comité de pilotage espère également valoriser l'intérieur du site d'Aventicum dans la même direction. «Certaines voies sont encore visibles dans le cadastre, poursuit Roman Hapka. On pourrait le souligner au moyen d'un redécoupage des cultures agricoles ou avec des haies.»
Vestiges et biodiversité
Devenue avec le temps un précieux biotope, l'enceinte est actuellement scrutée par les biologistes du bureau Atena. Plusieurs espèces rares y ont été décelées. Pour concilier biodiversité et vestiges, l'idée est de canaliser la visite sur un parcours de ronde complet, évitant certains secteurs. De petites incises pour les plantes, reptiles et nicheurs seront de même aménagées dans les ruines.
Si tout va bien, l'enceinte sera dès l'an prochain au cœur de travaux estimés à un total de 5,5 millions de francs et organisés en quatre étapes. La première enveloppe a été versée par la Loterie Romande, la Confédération, plusieurs mécènes, et la Commune d'Avenches. «C'est le seul monument du site qui appartient à la Commune, explique le municipal Pascal Buache. Il nous aurait fallu 110 ans pour le mettre en valeur. C'est notre patrimoine. Il mérite une attention touristique et une didactique complète.»
L'annonce de ce projet intervient à peine un mois après que le Conseil d'Etat a affiché sa volonté de lancer durant la législature un complexe muséologique ambitieux à Avenches. Budgété à 45 millions de francs, il doit succéder à un projet qui avait déjà bénéficié d'une étude paysagère. Le Comité de pilotage au chevet de l'enceinte espère profiter du même élan et militer pour une valorisation intégrale du site.
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