Tuerie de ToulouseL'opération de Toulouse, une suite de «choix désastreux»
Pour le fondateur du GIGN, Christian Prouteau, il aurait fallu utiliser d'autres méthodes qui auraient permis d'avoir le tueur de Toulouse sain et sauf, confie-t-il aujourd'hui au Temps.

«Par rapport à l'objectif que les autorités s'étaient fixé, il était impératif de ramener le suspect devant la justice pour qu'il s'explique. Aux commandes, j'aurais eu, moi, le courage de dire que l'opération a été un échec», commente le fondateur et ex-commandant du GIGN (Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale) Christian Prouteau, dans les pages du Temps ce jour.
Pour cet expert, l'opération du RAID est donc un double échec : non seulement subsistent des questions liées à sa traque inaboutie (le tueur figurait depuis longtemps sur les listes du renseignement intérieur), mais surtout, on ne pourra jamais demandé de comptes au tueur.
Le bélier, une erreur
De l'opération entamée en pleine nuit par l'unité d'élite (3 heures du matin, ndlr), le spécialiste dit qu'elle était une bonne chose : «Judicieux car l'effet de surprise est plus grand la nuit, et le moment choisi correspond à un sommeil profond». Mais le bélier utilisé n'y suffit pas, explique-t-il au Temps. La porte est plus solide que prévu. Le tueur se réveille et tire sur les policiers, en blessant deux, à travers le battant. L'effet de surprise tombe à l'eau.
« J'aurais choisi un explosif à flux orienté, sans effet de retour, qui souffle la porte à plusieurs mètres et garantit l'effet de surprise », affirme Christian Prouteau. Du coup, les hommes se rabattent sur une solution de reddition négociée. Mais au bout de plusieurs heures, il apparaît évident que Mohamed Merah ne tiendra pas ses promesses.
«Choix désastreux»
Les hommes du RAID font ensuite le choix d'assourdir leur cible. Un choix que le fondateur du GIGN n'hésite pas à qualifier de «désastreux»: l'homme se replie dans la salle de bains, d'où il ne sortira plus avant l'assaut final. Il n'est plus visible. La communication est interrompue.
Du coup, quand les hommes du RAID pénètrent dans l'appartement à 11h26, ils sont surpris de ne pas y trouver le tueur de Toulouse. Celui-ci surgit de la salle de bains. Les policiers sont surpris. Mohamed Merah a encore une longueur d'avance. Il tire quelque 300 douilles en six minutes. Les super-flics n'ont d'autre choix que de l'abattre.
Un gaz pour le neutraliser
Là non plus, Christian Prouteau n'aurait pas fait le même choix, dit-il au Temps. Il aurait utilisé un gaz pour neutraliser Mohamed Merah. «Du CB en poudre, cent fois plus concentré que les grenades lacrymogènes. L'effet est presque immédiat, personne ne peut résister. La personne est instantanément aveuglée et a l'impression que ses poumons se bloquent. Elle est neutralisée. Comme je l'ai souvent constaté, facile après pour la police de cueillir les victimes sans même échanger de coups de feu.»
Les critiques sont amères ailleurs aussi. En Israël, d'ex-responsables de la sécurité s'interrogent : «Qui attend 30 heures quand il n'y a pas d'otages ? Toute l'opération ressemble à une démonstration des stupidité», dit carrément à l'AFP l'ex-chef de l'unité d'intervention de la police israélienne dans le Maariv, Alik Ron.
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