L'UDC Nicolet soutient Marine Le Pen et embarrasse ses alliés
Le candidat agrarien au Conseil d'Etat fâche le PLR en citant la candidate du Front national dans un débat. Une gaffe qui réjouit la gauche et le centre.

La petite phrase de Jacques Nicolet a énervé ses alliés à droite, ces dernières heures. Interrogé lundi au micro de La Première pour savoir quel candidat il soutiendrait à la présidentielle française, Jacques Nicolet a spontanément cité l'égérie du Front national. «J'ose croire que Marine Le Pen va aller un grand bout dans cette élection», a déclaré le candidat UDC à l'élection au Conseil d'Etat vaudois. Le journaliste a alors conclu «Jacques Nicolet soutient Marine Le Pen», sans que l'intéressé ne rectifie.
La déclaration, qui survenait au terme d'un débat avec la candidate de gauche Cesla Amarelle (PS), a suscité de nombreuses réactions sur la Toile. Comme celle de la secrétaire politique PS Raphaëlle Javet: «Le PLR doit se mordre les doigts de s'associer à un tel personnage.» En effet, la phrase de Jacques Nicolet n'a pas passé inaperçue, alors même que l'alliance de droite lançait sa campagne pour les cantonales mardi. «On ne peut pas dire que ce propos ait réjoui certains de nos membres, admet Philippe Miauton, secrétaire général du PLR. Après un quart d'heure d'un bon débat, M. Nicolet s'est emmêlé les pinceaux dans cette question à laquelle il ne s'attendait pas. Cela dit, il n'a pas prétendu qu'il voterait Front national, pour nous l'incident est clos.»
Agacement
Mardi, certains élus PLR disaient leur agacement en coulisses, mais peu ont accepté de commenter. Le député Jean-Marie Surer, après un soupir, déclarait: «On va mettre ça sur le compte de la fatigue.» Président des Jeunes libéraux-radicaux vaudois (JLRV), Loïc Hautier veut lui aussi «croire à un instant d'étourderie car Jacques Nicolet, comme parlementaire, n'a pas l'habitude de répondre à ce genre de questions. Son soutien à Marine Le Pen est évidemment incompatible avec les valeurs du PLR, mais aussi avec celles de l'UDC car la candidate du Front national a un programme très étatiste, comme Jean-Luc Mélenchon, tout sauf libéral.»
Pour Stéphane Montangero, président du PS vaudois, «Jacques Nicolet s'est laissé aller et il a fait tomber le masque. Il se présente depuis des mois comme un UDC modéré, comme l'héritier de Jean-Claude Mermoud, mais c'est un blochérien pur et dur. Il essaie de se faire passer pour un agneau, c'est un loup. Il vote à 93% comme Roger Köppel, nouvel idéologue de l'UDC zurichoise.» Même avis pour le député centriste Axel Marion (PDC): «Cela révèle des tendances de fond. M. Nicolet est un candidat Canada Dry, il joue sur le mythe de l'ancienne UDC Vaud qui serait restée agrarienne, mais c'est faux. Cela montre au passage que nous avons bien fait de ne pas nous allier avec la droite.»
Constatant que sa phrase a fait plus de bruit que prévu, Jacques Nicolet s'est lancé dans un exercice de rétropédalage en règle mardi matin: «J'ai dit que Marine Le Pen ferait un bout… cela ne veut pas dire que je la soutiens», a-t-il nuancé. Et d'expliquer: «La France est un pays qui a besoin d'électrochoc car la population française n'a plus confiance dans sa classe politique. Elle a besoin de quelqu'un qui bouscule un peu. Marine Le Pen pose des bonnes questions, cela dit elle n'apporte pas que de bonnes solutions. La sortie de la zone euro, par exemple, ce n'est pas la bonne formule.»
Ce couac étonne quand même un stratège de droite: «Soit Jacques Nicolet a été pris au dépourvu et cela signifie qu'il n'est pas bien préparé, soit il n'a pas mesuré les conséquences de ses propos, et dans ce cas il manque de sens politique.» L'incident confirme en tout cas que le climat se tend: la campagne pour les cantonales a bel et bien commencé.
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