Antennes 5GLa cacophonie fédérale à ultra-haut débit
Les opérateurs ont commencé à installer leurs antennes mobiles pour la 5G. En parallèle, les opposants montent au créneau.
Alors que les opposants à l'introduction en Suisse de la technologie de communication mobile 5G sont plus que jamais mobilisés, les opérateurs ont commencé à déployer leur réseau en vue d'une couverture quasiment intégrale du territoire helvétique et dénoncent l'illégalité des mesures prises par plusieurs cantons romands, qui de leur côté invoquent le principe de précaution.
«Les réticences suisses sont certainement dues à la communication cacophonique de la Confédération», a confié à AWP Robin Eymann, responsable politique économique de la Fédération romande des consommateurs (FRC). En effet, pour les autorités fédérales, «les émissions doivent être limitées dans la mesure que permettent l'état de la technique et les conditions d'exploitation et pour autant que cela soit économiquement supportable».
«Incompréhensions»
Un groupe de travail sur la téléphonie mobile et le rayonnement sous la direction de l'Office fédéral de l'environnement (Ofev) a été mis sur pied en septembre 2018 par l'ex-conseillère fédérale Doris Leuthard. Il devrait rendre ses conclusions sur les risques et les besoins liés au déploiement des réseaux 5G dans le courant de l'été.
Or, les deux principaux opérateurs helvétiques, Swisscom et Sunrise, ont commencé à déployer leurs réseaux respectifs dès le printemps, au grand dam des opposants. «Lancer un groupe de travail pour évaluer les risques de la 5G tout en octroyant des concessions avant les résultats de ce dernier, cela peut à juste titre créer des incompréhensions et des craintes», fait remarquer Robin Eymann.
Résistance latine
La plupart des cantons latins sont déjà entrés en résistance. Alors que Genève, Vaud et le Jura ont décrété un moratoire dans l'attente des conclusions de l'Ofev, Fribourg a décidé début juin de soumettre l'implantation d'antennes à l'octroi d'un permis de construire - sans aller jusqu'au moratoire - une pratique déjà en vigueur dans plusieurs cantons de Suisse centrale et au Tessin.
Du côté des opérateurs, on crie à l'injustice. «De tels moratoires violent la loi fédérale», dénonce un porte-parole de Sunrise, soulignant l'obligation faite aux entreprises concessionnaires de mettre en place et d'exploiter le réseau 5G. Les deux principaux acteurs de la branche visent un taux de couverture de l'ordre de 90% d'ici la fin de l'année.
«Une certaine réticence est compréhensible lors de la modernisation d'une infrastructure», estime Christian Grasser, directeur de l'Association suisse des télécommunications (Asut), qui se dit convaincu que la nouvelle technologie sera acceptée lorsque les utilisateurs pourront profiter des avantages des nouveaux appareils et services.
Le patron de la faîtière s'attend à ce que les produits 5G se propagent beaucoup plus rapidement que ceux de technologies antérieures. Il relève toutefois une forme de schizophrénie du public, «très ouvert à de nouveaux terminaux comme des smartphones ou des tablettes, mais critique à l'égard de l'infrastructure sans laquelle la communication mobile n'est pas possible».
Suisse 10 fois plus stricte
L'ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (Orni) fixe des limites sévères pour le rayonnement des antennes de téléphonie mobile en comparaison internationale. Le porte-parole de Sunrise affirme que les normes en vigueur en Suisse sont «10 fois plus strictes que celles de la plupart des autres pays» et qu'il n'y a donc «aucune raison de prendre d'autres précautions».
Pour Christian Grasser, le principe de précaution inscrit dans la loi sur la protection de l'environnement (LPE) offre à la population suisse une bien meilleure protection que ses voisins, et «comme la 5G utilise des fréquences similaires à celles des technologies actuelles, il n'y a pas de nouveaux risques».
Hugo Lehmann, expert en rayonnements chez Swisscom, soutient même que la technologie 5G, plus efficace que les précédentes, permettrait de réduire l'exposition du public aux rayonnements.
Retard de trois ans
Ralf Beyeler, expert télécoms auprès du comparateur en ligne Moneyland.ch, explique l'opposition à la 5G par le fait que contrairement à des innovations technologiques dans d'autres secteurs, «les signaux de téléphonie mobile touchent toutes les personnes se trouvant à portée d'une antenne».
«Les opérations de communication des opérateurs ont aussi peut-être fini de braquer la population», estime Robin Eymann. «Avec le matraquage publicitaire, cela a pu être vu en plus comme de l'arrogance», poursuit-il, qualifiant de «pseudo-étude» le document publié fin avril par l'Asut.
Ce dernier affirmait qu'un retard de trois ans dans l'extension du réseau 5G se solderait par un manque à gagner de 10 milliards de francs à l'échelle du pays. A l'inverse, un déploiement rapide devrait «permettre la création de 137'000 emplois et une augmentation de la production pouvant aller jusqu'à 42,4 milliards de francs» à l'horizon 2030.
ats
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