Retour de la coupe de l’enferLa coupe mulet n’a pas dit son dernier mot
Le monde entier n’est pas encore touché par ce come-back effarant mais des coiffeurs vaudois confirment la tendance.

Il faut se garder des jugements hâ-tifs. Qui aurait misé une pièce jaune sur le mulet, cette coupe nuque longue qui semblait même s’être perdue dans les vestiaires de foot ou de hockey de clubs de 3e zone? Pourtant, l’AFP est formelle: «Elle revient d’entre les morts», et c’est Tony Copeland, de l’association de coiffeurs British Master Barbers Alliance, qui le dit. Pour lui, le confinement a été un facteur: les gens ont pu essayer chez eux sans avoir peur des réactions immédiates. «On va en voir de plus en plus cette année. Les mecs en ont marre de tous les dégradés.» Les internationaux du rugby anglais montrent l’exemple et les femmes ne sont pas en reste avec des chanteuses comme Rihanna et Miley Cyrus.

Ce retour improbable s’effectue en force en Australie, mais le canton de Vaud n’est pas en reste. «Cela fait déjà un certain temps – je dirais une année – que l’on assiste à son retour», observe Michel Ribaux du salon lausannois L’Élixir. «Cette coupe semble associée à la mode des années 1980, ainsi que certains vêtements horribles comme les t-shirts à inscriptions. Il y a une volonté de se différencier. On trouve ça moche, mais pour eux c’est sympa…» Le sport ne semble plus se présenter comme l’influence principale des amateurs de mulets. «Non, je vois plutôt des jeunes hipsters ou hippies – le genre à sortir d’une école d’art et à se rouler des clopes – et cela peut aller jusqu’à 30 ans», souligne Zoé des Enfants Terribles de Vevey, elle-même coiffée de la sorte.
Des femmes ou des hommes
Sa collègue Magali voit d’ailleurs plus de femmes que d’hommes adopter la coiffe que David Bowie a contribué à rendre célèbre: «Les hommes ont tellement été jugés, ils osent peut-être moins, mais les femmes le trouvent plus moderne et l’associent souvent avec des couleurs – bleu, rose, violet – ou avec des volumes.» Aaah, ces belles nuques bien molletonnées… Michel Ribaux témoigne d’une autre évolution: «On la travaille différemment, plus effilée, dans la légèreté.» Il y a ceux qui adoptent le lisse, moins visible, moins repérable comme mulet, et ceux qui choucroutent un peu, jouent dans la frisure. Mais il y a aussi ceux qui continuent à penser que rien ne pourrait leur arriver de pire. «Certains me disent: pas de coupe valaisanne!»
La coiffure serait donc associée avec le canton de Christian Constantin, lui-même parfois adepte du mulet? «C’est exact et je tiens à dire qu’on n’en est pas fiers!» déplore Cristina Patuzzi, du salon sédunois ADN Coiffure. «Quand j’ai fait mon apprentissage, à la fin des années 1980, c’était la grande période et beaucoup l’appelaient ainsi. Mais aujourd’hui, on n’en fait pas beaucoup. En tout cas chez nous.» Les fanatiques des appellations apprendront avec intérêt que la coupe ne manque pas de désignations: «coupe Cambronne», «coupe Coco», «nuquette», «padde» ou «nuque à l’allemande» sont répertoriées. Après avoir porté son triomphe, le Valais résiste, mais il n’est pas seul. Steevy Duprat, chez Au Local Coiffure de Nyon, rassure ceux que cette pileuse résurgence désole: «J’en ai fait une seule depuis des mois, c’était en novembre je crois. Tant mieux, au final, ça me va.»
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