Conséquences du Covid-19«La crise sanitaire a tué 10% des petits commerces»
En pleine deuxième vague de la pandémie, le secteur fortement touché s’unit en créant une nouvelle fédération vaudoise.

L’évaluation des dégâts vient des observations dans les rues des villes vaudoises. Le semi-confinement de la première vague de Covid-19, ce printemps, a provoqué la fermeture d’un petit magasin sur dix, estime Philippe Dufloo. Cet opticien de Renens est le vice-président de la Fédération vaudoise du commerce de détail (FVCD), tout récemment créée.
«Après la réouverture, en mai et juin, les chiffres d’affaires étaient bons. En juillet, c’était moyen. En août, nous avons observé une baisse et septembre-octobre se situaient au-dessous des attentes. Nous allions débuter une campagne dans le but d’encourager les clients à faire leurs achats de Noël en novembre, mais la deuxième vague de Covid-19 remet tout en question», raconte Cécile Hussain-Kahn, présidente.
Un secteur malmené
La FVCD unit les forces des petits magasins occupant moins de neuf collaborateurs. Ces entreprises emploient 14’000 personnes dans le canton alors que le total du commerce de détail, en comptant les grandes surfaces déjà rassemblées à l’enseigne du Trade Club Vaud, représente 28’000 postes. C’est donc un acteur important, malmené ces dernières années, d’une économie vaudoise qui compte quelque 350’000 emplois.

«Imaginez le vide immense si les petits commerces disparaissent. Une ville sans commerces n’a pas d’attrait touristique.»
«Nous sommes en situation de crise et de détresse. Nous voulons fédérer les petits commerçants pas assez entendus.»
Les petits commerçants se sentent mis de côté. «Parents pauvres de l’économie», lâche même la FVCD: «Personne n’a contacté les associations existantes pour discuter d’une éventuelle fermeture de même que des indemnités à garantir.» Finalement, le Conseil d’Etat n’a pas fermé les magasins. Mais, en pleine deuxième vague, la fédération amènera une voix unifiée aux autorités en fonction de l’évolution de la situation: «Nous voulons des indemnités dans le but de compenser les pertes de chiffre d’affaires», affirme la FVCD.
Sentiment d’exclusion
La fédération regrette d’avoir peu bénéficié de l’opération WelQome, un soutien cantonal de 15 millions de francs organisé avec le site QoQa. Il a principalement bénéficié à la restauration, aux vignerons et brasseurs, à l’hébergement et aux loisirs. «On nous a dit que nous n’avons pas d’attrait touristique», regrette Cécile Hussain-Kahn. À tort, lance-t-elle: «Imaginez le vide immense si les petits commerces disparaissent. Une ville sans commerces n’a pas d’attrait touristique.»
Le secteur est aussi conscient de ses propres faiblesses à combler, indépendamment de la pandémie. Parmi les objectifs figure la mise en place d’une convention collective de travail et l’harmonisation des horaires d’ouverture. La fédération pense aussi intensifier les efforts de formation: «Des indépendants se lancent sans avoir conscience de l’importance d’internet», relève Cécile Hussain-Khan. La digitalisation s’affirme comme une des réponses à la crise.
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