Les réformes scolaires sont débattues, elles provoquent des controverses publiques. Lorsqu’il s’agit des apprentis en entreprise qui suivent les cours de l’école professionnelle, on découvre que des changements importants se déroulent en toute discrétion. Pas de débat politique cantonal: le droit fédéral s’applique et les organisations des branches économiques définissent leurs priorités au niveau national.
Or une discrète réforme bouleverse les domaines de la vente et du commerce qui représentent, en Suisse, un bon cinquième de l’ensemble des diplômes d’apprentissage. Elle applique un principe consacré par le droit fédéral: à l’école, les apprentis reçoivent un enseignement orienté sur les «compétences opérationnelles». Concrètement, cela signifie que ce qu’on appelait communément «branche», comme le français ou les langues, se retrouve «intégré», plutôt dilué, dans des «compétences» orientées sur le métier.
C’est bien davantage qu’un changement de termes. L’enseignement donné aux apprentis n’apporte manifestement plus le minimum d’ouverture au monde dont bénéficient, au même âge, les gymnasiens. Sur le terrain, les difficultés amènent des profs à témoigner de leur désarroi et de leur volonté de changer de domaine d’enseignement.
Plus grave, car cela engage l’avenir, des apprentis demandent pourquoi l’école leur enseigne des techniques qu’ils découvrent déjà dans leur entreprise. Ils craignent de ne pas disposer d’un bagage suffisant de connaissances générales pour affronter les exigences de la maturité professionnelle, qui, après le CFC, ouvre la voie vers des formations supérieures. Or la Suisse est, à raison, fière d’une organisation qui permet à des jeunes au profil «non scolaire» de se perfectionner.
«L’absence de marge de manœuvre» invoqué par le Département cantonal de l’enseignement et de la formation professionnelle est dictée par le droit fédéral. Mais cette situation ne doit pas empêcher l’ouverture d’un débat public sur un enjeu qui touche l’ensemble de la société et la recherche de solutions dans la mesure des possibilités au niveau cantonal.
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Éditorial – La culture générale pour tous les jeunes
Une réforme fédérale des cours professionnels provoque des réactions d’inquiétude et de désarroi parmi les apprentis de la vente et du commerce ainsi que leurs enseignants.