CoronavirusLa deuxième vague d’aide alimentaire arrive en Suisse romande
Les organisations actives dans le domaine de l’aide alimentaire doivent redoubler d’efforts face à la dégradation de la situation sanitaire et économique. Nombre d’entre elles s’attendent à une augmentation du nombre de bénéficiaires.

Une autre deuxième vague s’apprête à déferler sur la Suisse romande, celle des demandes d’aide alimentaire. Les organismes d’entraide, déjà très sollicités depuis l’arrivée du coronavirus, doivent redoubler d’efforts.
C’est le cas par exemple de l’association lausannoise Solid-ère, lancée en juin pour répondre à la crise. «De 70 sacs au début, nous sommes passés aujourd’hui à une distribution de 250 sacs chaque dimanche. Nous sommes prêts à monter jusqu’à 300», explique son vice-président et porte-parole Corentin van Dongen, interrogé par Keystone-ATS.
Active dans le quartier de Malley, Solid-ère a vu passer jusqu’ici majoritairement des sans-papiers, soit des personnes sans aide sociale. Désormais, c’est «une deuxième vague de bénéficiaires» qui pourrait affluer, avertit Corentin van Dongen. Il cite l’exemple d’un indépendant qui ne toucherait plus d’allocation pour perte de gain (APG).
Les cantons s’attendent aussi à un nouvel afflux, comme à Genève, où les files d’attente pour recevoir des sacs de provisions ont marqué les esprits au printemps. Deux nouveaux points de distribution viennent d’ouvrir au bout du lac, en plus des deux sites déjà existants.
«Les associations font part d’un risque d’augmentation dans les prochaines semaines du fait de possibles pertes d’emploi dans le secteur de la restauration notamment», indique le Département genevois de la cohésion sociale.
Plus de réserves
Dans les épiceries Caritas, la dégradation de la situation est déjà perceptible. Si le nombre de clients est relativement stable, les sommes dépensées sont, en revanche, de plus en plus importantes, note Fabrice Boulé, responsable de la communication pour la Suisse romande. Pour le seul mois d’octobre, une hausse de 14% sur un an a été enregistrée pour l’ensemble de la Suisse.
Fabrice Boulé constate un décalage entre la crise sanitaire et économique. «En matière d’aide sociale, il n’y a pas encore eu une immense vague de demandes supplémentaires, mais elle va bientôt arriver», prévient-il. De nombreuses personnes, fragilisées par neuf mois de crise, vont bientôt «épuiser leurs dernières réserves.»
Le porte-parole souligne qu’une nouvelle clientèle est apparue depuis le début de la crise. «Dès les premières aides d’urgence mises en place en mars, nous avons vu arriver beaucoup de petits indépendants, soit toute une couche de la population active qui s’en sortait jusqu’ici sans aide sociale», rapporte-t-il.
Bénévoles à risque
Parmi les autres associations d’aide alimentaire, les Cartons du coeur dans le canton de Neuchâtel s’attendent également à être «beaucoup plus sollicités à l’approche des Fêtes de fin d’année», estime leur président Christian Mamin.
La situation est d’autant plus délicate que la récolte annuelle de la section neuchâteloise, le 31 octobre, a été entravée par le virus. Des magasins lui ont refusé l’accès pour des raisons sanitaires tandis que plusieurs bénévoles, considérés comme à risque, se sont désistés. «Nous avons comptabilisé 749 cartons, contre 845 un an plus tôt. Cela reste néanmoins une belle récolte», juge Christian Mamin.
L’association des Tables du Rhône, active en Valais et dans le Chablais vaudois, a aussi dû s’adapter au Covid-19. Elle a même cessé la récolte et la distribution d’aliments entre mars et juin pour préserver ses bénévoles, souvent des retraités. «Pour ne pas rester les bras ballants, nous avons offert des bons de nourriture pour environ 150’000 francs», raconte son président Bernard Premand.
Lien social
Les Tables du Rhône ont aujourd’hui repris leur activité normale avec quelques ajustements liés aux directives sanitaires. «Si nous avons redémarré, c’est aussi pour répondre aux demandes de nos bénévoles. En cette période de crise, ils ont besoin de rendre service et de renouer des contacts», relève Bernard Premand.
L’importance du lien social vaut aussi chez Solid-ère, qui s’efforce de «casser les murs» qui pourraient exister entre les bénévoles et les personnes dans le besoin, relève Corentin van Dongen. «Notre rencontre hebdomadaire va au-delà de la simple distribution de sacs. Nous cherchons à créer un espace convivial», affirme-t-il.
Il raconte qu’en plus des services de coiffure et manucure déjà proposés, Solid-ère souhaite offrir d’autres activités, comme des cours de sports, lorsque les mesures sanitaires seront moins strictes.
ATS/NXP
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