Dans trois mois jour pour jour, le 24 avril, les Vaudois célébreront le 300e anniversaire de l’exécution du major Davel. Ce héros nous ressemble beaucoup, y compris dans sa dimension humaine. M. Gilbert Coutaz, directeur honoraire des Archives cantonales, relève dans un récent ouvrage qu’au fil du temps, son image «se patine jusqu’à incarner le peuple vaudois: sa lenteur, sa douceur, son bon sens, sa résignation».
Il existe bien une identité vaudoise, même s’il faut avancer prudemment avec un concept chargé d’ambiguïté, de sentimentalité et parfois de lourdes arrière-pensées. On doit la considérer sur un temps relativement long, deux ou trois générations, car elle est mouvante et stable à la fois. Elle se modèle au gré d’un contexte et de circonstances qui varient.
«L’identité vaudoise, qui existe et se transforme, mérite qu’on se batte pour préserver l’indépendance, qui en est constitutive.»
Qu’on examine les choses avec l’œil de l’historien ou celui du sociologue, on perçoit en effet tant des changements que des constantes. Les changements sautent aux yeux, de l’explosion démographique à l’affadissement du langage, du brassage de populations à l’enseignement lacunaire, de l’indifférence religieuse au consumérisme. Ces dissolvants de l’identité tiennent à l’évolution de notre civilisation. Un mode de vie en remplace un autre. On peut y voir un progrès ou une décadence, mais on ne peut pas y changer grand-chose par les harangues, les lois ou la politique, sauf à supprimer le libre choix des gens.
Ces évolutions profondes s’accompagnent de changements dans «l’âme des peuples», comme on disait autrefois. Elles font aussi apparaître le point de rencontre entre ce qui varie et ce qui est constant, entre une réalité agitée et des permanences qui lui résistent. Les constances, ce sont par exemple ces traits de caractère que l’on reconnaît à Davel. Ce sont l’attention que l’on porte à la nature qui nous entoure, à nos paysages ou notre patrimoine. Ce sont aussi les réussites qui se succèdent dans notre tissu économique, grâce aux bienfaits des échanges.
Des conséquences politiques
Le volontarisme n’est pas exclu de ces marqueurs identitaires. Ceux-ci peuvent être soutenus et renforcés par une bonne partie de la population et de ceux qui nous gouvernent. Sachant d’où nous venons et où nous sommes, nous devrions savoir où nous espérons aller, même si toutes les aspirations ne sont pas absolument identiques.
Cette détermination entraîne donc des conséquences politiques. Il ne suffit pas de vanter la ductilité du caractère, les beautés qu’il faut préserver ou la capacité économique, il faut proclamer notre volonté d’indépendance et agir pour la sauvegarder. La Suisse, pays fédéraliste, fournit un cadre qui le permet. Dans les tumultes d’aujourd’hui, l’esprit vaudois d’indépendance est une condition de l’identité collective, de l’aptitude à la compétition et de l’affirmation de l’existence de notre pays.
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L’invité – La fierté de perpétuer l’identité vaudoise
Christophe Reymond voit en l’esprit d’indépendance une part de notre identité collective.