Urbanisme au Mont-sur-LausanneLa fronde se durcit pour protéger les arbres
Le plan de quartier Valleyre avance, avec la construction prévue de quatorze immeubles qui suscitent des craintes pour la nature.

Pour l’heure, le vallon de la Valleyre est encore un bel espace de verdure au Mont-sur-Lausanne. Mais la pression monte sur le cordon boisé qui le caractérise. Cette surface de plus de 50’000 m2 constitue en effet l’un des plans de quartier issus du vaste remaniement parcellaire, légalisé par le Tribunal fédéral. Ainsi, l’abattage de plusieurs centaines d’arbres est à craindre dans le cadre de la construction de quatorze immeubles de logements. Ce mardi soir, la séance d’information organisée à l’intention des riverains s’est muée en une manifestation hostile aux constructions.
Pour les quelques propriétaires de parcelles jouxtant le ruisseau, il importait de comprendre pourquoi le Canton comptait prélever une soixantaine d’arbres dans le courant de ce mois de septembre. Mais la centaine de personnes qui s’est réunie en cercle pour écouter la Municipalité avait, pour une bonne part, répondu à l’appel lancé par le groupe Le Mont citoyen. Et les explications données par un inspecteur cantonal des forêts se sont heurtées au scepticisme de la foule. «Cela fait quinze ans qu’on n’a pas vu un arbre tomber et, comme par hasard, on vient en couper maintenant.»
Des arbres marqués
C’est que le marquage de plus de 400 arbres sur l’ensemble de cet espace fréquenté par les promeneurs n’a échappé à personne. Le projet de construction semble avancer. N’y a-t-il pas moyen de préserver le biotope? «Vous nous parlez d’entretien de la forêt en éludant la question globale du vallon», se fâche un intervenant, applaudi par la foule. La question est complexe. Après trente ans de procédures, le remaniement parcellaire visant à regrouper les surfaces à bâtir proches des zones déjà construites a été validé par le Tribunal fédéral. Ainsi, les plans de treize futurs quartiers datent d’une quinzaine d’années, une époque où la question climatique n’était pas aussi présente dans le paysage.
«Nous avons hérité de cette situation et on ne pourra pas retourner devant le Tribunal fédéral pour la contester», dit la syndique Laurence Muller Achtari. Ainsi, les enfants du Mont ne pourront sans doute plus venir faire de la luge sur cette pente en hiver. Les constructions vont sortir de terre, ce droit est acquis.

Face au mécontentement, la Municipalité a tenté de rassurer. D’abord, tous les arbres marqués ne seront pas forcément abattus. «Aucun permis de coupe n’a été délivré, à part en ce qui concerne l’entretien de la forêt», assure la syndique. La question de l’abattage d’un cordon boisé au milieu de la parcelle – pour faire place aux futures constructions – inquiète en effet les manifestants du jour, même si le plan d’affectation comprend une compensation.
«Nous nous sommes assis à la table des propriétaires et promoteurs pour négocier et faire en sorte que le plan de quartier élaboré il y a quinze ans soit adapté aux préoccupations d’aujourd’hui.»
Il se raconte que 600 arbres seront au final abattus. Mais la Municipalité dit ne pas être en mesure de le confirmer. «Nous nous sommes assis à la table des propriétaires et promoteurs pour négocier et faire en sorte que le plan de quartier élaboré il y a quinze ans soit adapté aux préoccupations d’aujourd’hui», affirme Laurence Muller Achtari. En effet, si le permis de construire les premiers aménagements du quartier est acquis de droit, la Municipalité n’a pas encore donné le permis de construire les bâtiments. Cet outil de pression sera-t-il suffisant?
Promoteur conciliant
Du côté des promoteurs, le ton semble conciliant. Patrice Galland, qui représente un groupe d’investisseurs, présente le projet sous un jour durable en évoquant un système de chauffage novateur. «Nous comprenons le tollé car plus personne ne veut abattre des arbres, dit-il. C’est pourquoi nous arrivons avec des propositions moins intrusives que ce que permet le plan d’affectation.»
Pour les manifestants du jour, la balle reste dans le camp de la Municipalité. «Elle vient d’être élue sous le thème d’une commune durable et nous attendons qu’elle minimise au mieux l’impact de ces constructions», commente l’élu Pierre-François Culand (Le Mont citoyen).
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