La Grande Châsse raconte son histoire
Mis à nu pour être restauré, le précieux reliquaire s'expose au sein du trésor de l'Abbaye.
La Grande châsse de saint Maurice a retrouvé provisoirement sa place au sein du trésor de l'abbaye. Le prestigieux écrin qui contient les reliques du patron d'Agaune a pourtant bien changé. Dénudé de ses ornements, il ne reste que son «âme», le coffre en mélèze qui constitue son ossature.
En cours de restauration depuis 2017 (après un nettoyage précédant l'exposition d'une partie du trésor au Louvre en 2014), l'objet est aujourd'hui totalement démonté. Plus de 300 plaques et quelque 2000 clous ont été ôtés. Alors que la remise en état se poursuit dans le laboratoire créé au cœur du monastère, le moment était opportun pour dévoiler au public le travail accompli jusqu'ici: «Nous n'irons pas plus loin dans le démontage. Et nous avons acquis une somme suffisamment importante de connaissances pour les partager», explique Romain Jeanneret, conservateur-restaurateur.
Lumière sur les origines
Les scientifiques s'en doutaient depuis 2017: l'assemblage de la Grande châsse remonte au XIIIe siècle et non au XVIe siècle, comme on l'a longtemps cru. En 1225 – le fait est attesté par une inscription figurant sur une autre châsse du trésor, l'abbé Nantelme ressort les ossements du martyr alors contenus dans un sarcophage, pour les placer sur l'autel de l'abbaye.
Le démontage a aussi permis de mieux comprendre comment ce coffre a été construit, «avec un grand sens de l'économie». Selon Pierre Alain Mariaux, professeur d'histoire de l'art médiéval à l'Université de Neuchâtel et conservateur du trésor de l'abbaye, le travail de l'orfèvre n'est «pas une œuvre de création mais de composition. Cette châsse est constituée à partir d'éléments rapportés, ce qui explique sa forme très particulière, créée pour s'adapter aux pièces à disposition, dont un retable (ndlr: une œuvre qui orne l'avant d'un autel) utilisé pour décorer l'une des faces de la châsse.» Les analyses chimiques des alliages métalliques ont d'ailleurs confirmé cette diversité de provenances.
Une exposition vivante
La nouvelle exposition intitulée «Reliquaire en chantier» durera un peu plus de six mois. Si elle évoque évidemment le culte voué aux martyrs agaunois (à noter que les restes de Maurice ont provisoirement été retirés de la Grande châsse pour des raisons de conservation), elle raconte surtout la vie de ces objets: «Ces reliquaires sont bel et bien vivants; ils font partie de la liturgie, on les emmène en procession lors de la fête de la Saint-Maurice… relate Pierre Alain Mariaux. On montre le travail des restaurateurs actuels, mais on rend aussi hommage à celui de la communauté de chanoines qui a entretenu ce patrimoine au fil des siècles.»
Le contenu de l'expo sera lui-même mobile: la restauration, dont le coût avoisine 650 000 fr. se poursuit et les ornements terminés rejoindront le trésor, alors que d'autres le quitteront pour le laboratoire. Ce dernier sera régulièrement ouvert au public qui pourra échanger avec les conservateurs-restaurateurs. Si tout se déroule comme prévu, la Grande châsse sera remontée dans les temps pour présider à la fête de la Saint-Maurice, le 22 septembre 2020.
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