Les fameux bus scolaires jaunes, symboles d’une Amérique soucieuse de la sécurité de ses enfants et du modernisme US, passeront tous à l’électricité. Un petit pourcentage de cette flotte unique (plus de 500’000 véhicules diesel), la plus importante du pays, roule déjà avec des batteries sur les routes de la Californie, l’État le plus avancé dans la transition verte. Tout s’est accéléré avec le plan du gouvernement de Joe Biden, qui finance à coups de milliards le subventionnement des nouveaux véhicules propres qui coûtent encore 3 à 4 fois plus que leur équivalent thermique, tout en étant nettement moins chers à l’entretien. L’État de New York, 19 millions d’habitants, estime que la reconversion aux électrons sera achevée en 2035 alors qu’elle est bien avancée en Californie, selon le magazine spécialisé «Canary Media».
La reconversion arrive en Suisse, à Lucerne et prochainement aux Grisons. En février, la filiale CarPostal (La Poste) a indiqué que la flotte de ses cars (y compris voitures et camions de la Confédération) sera sans émission d’ici à 2040. Ce qui signifie que les commandes de renouvellement et le planning doivent être arrêtés au plus tard en 2027; la dernière acquisition de bus diesel étant programmée pour… 2028. CarPostal s’engage dans une course à la reconversion très complexe. Dans les documents mis en ligne par sa filiale, on constate que les bus postaux seront électriques mais utiliseront sans doute aussi les piles à combustibles (hydrogène) et même la technologie flash Tosa, un système de recharge ultrarapide par pantographe des bus aux arrêts (mis au point à Genève par les TPG et ABB) et qui limite le volume des batteries tout en augmentant l’autonomie. Selon nos informations, des discussions qualifiées de laborieuses sont en cours pour finaliser l’utilisation du réseau électrique des CFF et des autres compagnies de chemin de fer privées et construire un réseau de recharge «vert» des véhicules. En parallèle, CarPostal planifie la conversion des bus et des dépôts exploités par les concessionnaires locaux.
Si les bus du service public seront les premiers à passer au tout électrique, l’électrification des flottes de camions privés déboule, elle aussi, à un rythme qui surprend. Il y a peu encore, beaucoup pensaient que la vague des voitures électriques précéderait d’une ou deux décennies celle des camions. Tout indique que le tempo sera le même. En 2030, un tiers (!) des camions seront à zéro émission en Europe, en Amérique du Nord et en Chine, propulsés par un moteur électrique alimenté par de grosses batteries ou une pile à combustible (transformation de l’hydrogène en électricité). Selon un rapport du consultant PwC, cinq ans plus tard, soit en 2035, leur part de marché atteindra… 70% . Cette progression fulgurante se fonde sur les coûts plus bas de l’électricité par rapport aux produits pétroliers et un entretien nettement moins coûteux. Si les investissements sont plus conséquents, les économies monétaires seront de plus en plus substantielles à partir de 2025 déjà. Enfin, un autre élément joue un rôle déterminant: dès 2024, les taxes des péages autoroutiers pour les camions propres baisseront de 50% alors que les taxes C02 grimperont pour les camions thermiques. Et comme le souligne un autre rapport récent de Bloomberg New Energy Finance, l’électrification des moyens de transport est de fait plus rapide que les investissements dans l’ensemble du secteur de l’énergie.
Un bémol toutefois: selon les ONG Transport & Environnement, le lobby vert de la mobilité de l’Union européenne, beaucoup de pays n’ont pas encore mis en place le cadre légal et technique nécessaire pour accompagner cette transition qui a pris du temps au démarrage mais qui roule aujourd’hui à toute allure.
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La chronique économique – La grande reconversion des bus et cars jaunes…
Le tout électrique s’étend aux mythiques bus scolaires américains et aux cars postaux helvétiques. Et bientôt à tous… les camions.