La justice doit-elle protéger Rita Rosenstiel de ses remuants amis?
L'icône des seniors placés en EMS est conseillée par Gerhard Ulrich, figure d'Appel au peuple. Sa curatrice et avocate veut réduire cette influence.

Rita Rosenstiel, 95 ans, a le regard vif. Mais elle a quand même l'air un peu perdue en entrant mardi matin dans une salle du Tribunal de La Côte pour une audience civile. «Je ne comprends pas pourquoi une procédure est ouverte», déclare celle qui fut la conservatrice du Musée Paderewski, à Morges. En 2014, l'emménagement forcé de la vieille dame dans un EMS avait provoqué une controverse sur les placements à des fins d'assistance (PLAFA). Rita Rosenstiel a fini par recevoir 20'000 fr. de l'État pour le tort moral.
L'audience se déroule sous surveillance policière. Une requête d'éloignement, déposée par Me Christine Raptis, curatrice ad hoc de Rita Rosenstiel, vise en effet Gerhard Ulrich, le fondateur d'Appel au peuple, détracteur acharné de la justice et de ses professionnels, ainsi qu'une amie. Depuis 2017, il rend régulièrement visite à la pensionnaire de l'EMS Nelty de Beausobre, à Morges. En évoquant le placement de 2014, il parle d'un «crime». Et près de 20 de ses partisans assistent à l'audience publique.
Agit-il en ami d'une vieille dame isolée ou pour «instrumentaliser le cas à des fins personnelles», comme le dénonce Me Raptis? L'avocate et l'Office vaudois des curatelles et tutelles professionnelles (OCTP) s'inquiètent de voir l'emblème d'Appel au peuple inciter Rita Rosenstiel à mettre en œuvre des procédures en série au sujet de son placement en 2014. Me Raptis souhaite que ça cesse: «Mon but est de la protéger. Elle doit pouvoir vivre sa vie sereinement sans avoir à signer toutes sortes de documents. Cela la tourmente et lui fait du mal.»
Assise entre Me Raptis et la représentante de l'OCTP, Rita Rosenstiel sème le trouble. Interrogée par la présidente Erica Riva Annaheim, elle voit en Gerhard Ulrich «un ami qu'[elle a] du plaisir à recevoir». Elle trouve bien qu'il la conseille. Le souhait de la vieille dame d'origine alémanique est de «retourner à Zurich».
Rita Rosenstiel entend mal. Sa mémoire lui joue des tours. Mais la présidente respecte ses propos: «C'est toute la question de la capacité de discernement. Mme Rosenstiel paraît en mesure de choisir ses relations. Vous êtes en porte-à-faux avec votre pupille», lance-t-elle à Me Raptis. L'avocate déplore de ne pas avoir pu faire entendre des témoins qui auraient pu donner une autre vision de la situation. La juge, elle, devrait rendre une décision provisoire dans les dix jours. En attendant un jugement sur le fond de cette affaire délicate.
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