Nouvelle Maison de l’environnementUn paresseux veillera sur 180 fonctionnaires
Le Canton a inauguré ce jeudi à Lausanne le bâtiment qui accueillera la Direction générale de l’environnement. Projet novateur, il est orné d’une sculpture qui peut étonner, mais rend hommage à un animal maître de l’efficience.

On pourrait croire à un gag. Et les futurs utilisateurs de la Maison de l’environnement (Mev), inaugurée ce jeudi à Lausanne, peuvent se préparer à être copieusement chambrés. Chaque matin, en entrant dans leur nouveau lieu de travail, quelque 180 fonctionnaires vaudois passeront en effet sous… un paresseux.
L’œuvre d’art est signée des artistes bâloises Claudia et Julia Müller. Et elle a été choisie par la commission en charge de ce choix pour des raisons tout à fait rationnelles: le paresseux est un des animaux les plus efficient de la planète et peut-être le plus parcimonieux en matière de dépense d’énergie. Un parfait emblème donc pour cet édifice voulu exemplaire.
Petit mais expérimental
«C’est un petit bâtiment, mais avec une concertation de nouvelles techniques qui en font un projet expérimental, s’est d’ailleurs félicité dans son discours le conseiller d’État Pascal Broulis, chargé des immeubles et constructions de l’État. Nous allons donc particulièrement observer son fonctionnement, pour pouvoir ensuite réutiliser les techniques efficaces dans d’autres projets.»
Concrètement, le bâtiment tient debout grâce à des façades porteuses constituées de bois vaudois; près de 4000 m³ sciés dans les forêts de l’État. Et les deux atriums ou puits de lumière centraux sont délimités par des murs de briques de terre crue, cette dernière étant issue de chantiers vaudois. Leur mission est de réguler naturellement la température et l’humidité à l’intérieur de la construction. Une première en Suisse pour un bâtiment administratif, affirment les services de l’État.

Échanges favorisés
Ministre de tutelle des futurs utilisateurs – la grande majorité des membres de la Direction générale de l’environnement, actuellement répartis sur une demi-douzaine de sites – la conseillère d’État Béatrice Métraux s’est réjouie de la mise à disposition de «cet écrin de l’État jardinier du territoire».
Elle a souligné que les techniques retenues pour sa conception avaient permis d’économiser 90 tonnes de béton ou 80 tonnes de CO2, soit l’équivalent d’autant d’allers-retours Paris – New York en avion. Enfin, la ministre Verte s’est réjouie de la réunion de tous ses collaborateurs sous un même toit, ce qui devrait favoriser les échanges et l’efficacité, «le but toujours visé par l’État».

«Il n’était pas question d’intégrer un aspect spectaculaire, qui est, par définition, bien souvent contraire aux principes du développement durable.»
Devant ce côté exemplaire de la réalisation, sorte de nouvelle «carte de visite» dans le domaine des constructions étatiques vaudoises, on peut toutefois s’étonner de la discrétion de l’aspect extérieur: la Mev passe totalement inaperçue au milieu des autres bâtiments implantés dans ce quartier à proximité du terminus du métro M2.
«Le but était de concevoir un bâtiment économique, fonctionnel et durable, rappelle l’architecte lausannois lauréat du concours, Jean-Baptiste Ferrari. Il n’était donc pas question d’intégrer un aspect spectaculaire, qui est, par définition, bien souvent contraire aux principes du développement durable.» Voilà pourquoi la Maison de l’environnement est sobre, mais efficace. Tout comme le paresseux.
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