On entend parfois ce refrain, disant que les Vaudois ont plus de peine que les Genevois ou les Valaisans à régater sur les bancs de l’université ou des hautes écoles. Si la démonstration n’est pas véritablement faite, allonger l’École de maturité vaudoise d’une année s’impose désormais comme une évidence, tant il devient impossible de la faire évoluer en la confinant dans un cursus de trois ans.
ça ne fait jamais que vingt-cinq ans que c’est dans l’air du temps. La résistance à ce changement affichée par le Canton de Vaud a des fondements historiques. Harmonisation fédérale oblige, il avait été amené, dans les années 80, à prolonger son cursus qui jusque-là pouvait être accompli en deux ans. Un sacrifice, déjà.
Ces quinze dernières années, les autorités vaudoises ont brillé par un attentisme confinant au déni sur la «matu en quatre ans». C’est maintenant l’heure du nécessaire débat sur le rôle de cette filière. Dos au mur, quel sera le discours du nouveau ministre de la Formation, Frédéric Borloz? À ce stade, il se garde bien de faire de tonitruantes déclarations. Ce qui n’empêche pas de spéculer.
«Frédéric Borloz pourrait voir en cette réforme une opportunité rêvée de rendre plus sélective la voie prégymnasiale tout en «revalorisant la formation professionnelle.»
Le libéral-radical pourrait voir en cette réforme une opportunité rêvée de rendre plus sélective la voie prégymnasiale, tout en revalorisant la formation professionnelle. Après tout, c’est une antienne de la droite que de déplorer le nombre toujours plus élevé de gymnasiens.
Cette même droite qui prône la rigueur budgétaire. Et moins de gymnasiens, c’est aussi atténuer l’impact financier de la réforme. Bref, voilà l’occasion pour la nouvelle majorité de droite du Conseil d’État d’imprimer d’emblée un virage majeur dans le domaine de la formation, qu’il ne gérait plus depuis un quart de siècle.
Organiser les filières scolaires, construire des gymnases, planifier de lourds investissements: cet immense chantier impliquera trois ministres, tous membres de l’Alliance vaudoise. Si c’est par goût de l’affrontement que certains syndicalistes ont savonné la planche de la socialiste Cesla Amarelle en attaquant frontalement sa réforme phare durant la campagne, sans doute se réjouissent-ils du bras de fer qui se profile.
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Éditorial sur la réforme scolaire – La matu, vue par la droite
La réforme de l’École de maturité pourrait devenir un marqueur de la nouvelle majorité bourgeoise au Conseil d’État.