Le Conseil national débat cette semaine du développement des énergies renouvelables. Un débat urgent et nécessaire, mais qui risque de se faire au détriment de la nature. En effet lors de la session de septembre 2022, la décision de la Chambre haute de supprimer de la loi fédérale sur l’énergie l’interdiction de construire des installations d’énergie renouvelable dans des biotopes d’importance nationale représente une menace grave pour la biodiversité. Cela signifierait que de nouvelles installations destinées à la production d’électricité pourraient être construites dans les marais, les sites de reproduction des batraciens, les prairies sèches ou dans les zones alluviales d’importance nationale.
Ces biotopes sont de grande valeur écologique, car ils abritent un tiers de la biodiversité suisse. Ils sont indispensables pour l’existence de centaines d’espèces animales et végétales rares, bien qu’ils n’occupent que 2% du territoire national.
«Ces biotopes sont de grande valeur écologique, car ils abritent un tiers de la biodiversité suisse»
Or sous couvert de transition énergétique, les attaques contre la nature se multiplient. Des lois urgentes viennent d’être votées qui permettent le déploiement d’éoliennes, d’installations hydrauliques ou de parcs solaires alpins au cœur de la nature sauvage.
Il n’est pas raisonnable de bétonner les derniers espaces naturels libres. Il est contreproductif de diminuer les débits résiduels dans les rivières pour produire plus d’électricité. Sans eau, une rivière se meurt, alors que plus de 65% des espèces de poissons et d’écrevisses ont déjà disparu ou sont menacées. Les oasis que sont nos zones alluviales sont l’habitat de plus de 80% de la faune et de la flore indigènes. Pourtant depuis 1850, 70% de ces zones précieuses ont disparu en Suisse. Supprimer leur protection créerait des dégâts irréparables. Ces écosystèmes nous protègent de la crise climatique. De nombreux efforts ont été nécessaires pour mettre en place, il y a une trentaine d’années, une législation fédérale qui les protège. Un retour en arrière serait fatal pour la nature.
Cibler les projets
Nous vivons une crise de la biodiversité sans précédent, aussi grave que celle du climat. Notre responsabilité est de trouver une solution commune à ces deux crises. Ces solutions existent tout en maintenant la protection intégrale des biotopes.
Il faut cibler des sites où les impacts sur la nature et le paysage sont aussi faibles que possible comme l’a fait la table ronde sur l’énergie hydraulique en identifiant quinze projets hydroélectriques acceptés par les associations environnementales. Le potentiel du solaire sur le bâti est supérieur à la consommation actuelle d’électricité en Suisse. Il est possible d’économiser un tiers de notre consommation électrique sans perte de confort. La transition énergétique en Suisse est possible sans démanteler la protection des eaux et de la nature.
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L’invitée – La nature sortira-t-elle perdante de la transition énergétique?
Sur fond de crise énergétique, le parlement fédéral pourrait autoriser la production d’électricité dans des biotopes strictement protégés, s’alarme Marie Thérèse Sangra.