La Patrouille des Glaciers loin des super-héros
En ouverture du Festival du film alpin, Encordés casse les clichés de la mythique course de montagne avec des personnages tout en fragilité.

L'adrénaline du départ de course. L'accélération collective. Les colonnes de skieurs traçant de longs sillons dans la poudreuse. En route vers la crête, vers l'autre versant, vers la ligne d'arrivée. La Patrouille des Glaciers, ce sont ces images célèbrant l'exploit et le dépassement de soi. Tous les deux ans, l'épreuve-reine du ski-alpinisme rassemble en Valais des milliers de participants prêts à avaler, à choix, 26 ou 53 km de montagne afin d'atteindre Verbier depuis Zermatt ou Arolla.
Samedi, au Festival international du film alpin des Diablerets (FIFAD), le documentaire Encordés ouvrira les feux d'une semaine de projections avec une ode à la mythique course. Une ode inattendue, car dans ce très beau film, il ne sera en rien question des prouesses des gladiateurs des sommets. Le cinéaste Frédéric Favre fait au contraire le pari du contre-pied en livrant la chronique d'un voyage intérieur, celui de trois participants à la course, que sa caméra suit pendant un an et demi de préparation, de questionnements, de doutes et de fragilités à fleur de peau.
«Les alpinistes que j'ai pu rencontrer le disent souvent: en chacun d'eux, il y a une faille», raconte Frédéric Favre. Le réalisateur valaisan a eu l'occasion de s'en rendre compte, il a lui-même trois patrouilles au compteur. Les trois personnalités qu'il met en lumière dans Encordés portent toutes une blessure, qu'elle soit tout de suite apparente ou révélée à l'approche de la course.
Lignes de faille
Il y a Florence, l'étudiante distraite sur les bancs de l'EPFL par ses rêves de Patrouille des Glaciers. Solitaire, elle s'échappe dans la nuit pour gravir la montagne enneigée et contempler le lever du soleil sur la crête. Sa crevasse intérieure, c'est le deuil d'un père, skieur, montagnard et «patrouilleur», parti trop tôt. C'est pour lui qu'elle se lance dans l'aventure, non sans devoir faire équipe avec trois autres skieuses et apprendre, à leur contact, à gagner confiance en elle-même.
«Le vrai sujet du film, c'est le lien qui se crée entre les gens et la manière dont ils s'encordent les uns aux autres pour faire cette course», insiste Frédéric Favre. C'est ce que réussit Antoine dans le film, après bien des doutes. Cette épreuve, il l'aborde comme une rédemption, après les bêtises de l'adolescence et un passage en désintoxication. La Patrouille des Glaciers est une compétition contre lui-même, pas contre les autres, explique ainsi le jeune homme dans un moment de révélation. Comme un paradoxe, c'est en faisant le deuil de ses ambitions d'exploit qu'il devriendra pleinement le leader de son équipe et se montrera ce dont il est capable.
Bande annonce
Pour faire bonne mesure, Frédéric Favre n'a pas manqué de suivre les traces d'un compétiteur-né, en apparence sans fêlures. Et pourtant, c'est ce troisième personnage qui, contrairement aux autres, ne passera jamais la ligne de départ, malgré des mois de préparation. L'ironie du sort et les caprices de la météo le ramèneront à l'essentiel, qui ne se trouve pas dans l'ascension des cimes.
«Quand on fait de la montagne, l'enjeu c'est d'avancer, manger et survivre. Dans cette pratique, il y a aussi quelque chose qui relève de la fuite, estime Frédéric Favre. Mais comme ces montagnards, nous sommes tous névrosés. C'est là que le public peut se connecter.»
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