Prix des lecteurs de la Ville de LausanneLa sonnerie de «La cabine» d’Eric Bulliard n’a pas retenti dans le vide
L’auteur fribourgeois a été distingué ce lundi soir au théâtre de Vidy par le prix littéraire lausannois, à la suite de plus de 800 votes.

C’est un roman qui parle d’un téléphone sonnant dans le désert. Son appel n’a pas retenti dans le vide, puisque «La cabine» (Éd. de l’Hèbe) a remporté ce lundi en début de soirée le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne 2023, lors d’une cérémonie qui s’est tenue au Théâtre de Vidy. Après un premier roman remarqué, «L’adieu à Saint-Kilda», l’auteur fribourgeois et critique littéraire à «La Gruyère» Eric Bulliard invite de nouveau à voyager dans un endroit perdu.
Après l’archipel écossais des Hébrides, il emmène en plein désert d’Arizona, sur les traces d’une cabine téléphonique qui, en 1997, connut une notoriété soudaine. Découvrant qu’il existe un appareil téléphonique isolé de tout, un enthousiaste rêveur va mettre toute son énergie à le retrouver, puis, diffusant son numéro, il va contribuer à en faire le trait d’union entre des personnes appelant du monde entier et une foule bigarrée venue leur répondre, campant au pied du rectangle de verre.
Le roman, inspiré de l’histoire d’une cabine qui a réellement existé, la Mojave Phone Booth, est une ode aux idées farfelues, à la ténacité des passionnés qui vont au bout de leurs rêves, mais aussi un road trip qui embarque en chemin diverses questions, de l’aspiration à tisser un réseau mondial avant internet à la protection de la nature, puisque la fréquentation soudaine d’un site jusque-là à l’abri de la civilisation va poser des problèmes. Même s’il se passe en 1997, le livre résonne avec notre monde globalisé.
«Sa préférée» parmi les concurrents
Eric Bulliard faisait face à de très sérieux concurrentes et concurrents, avec Eugène écrivant sa «Lettre à mon dictateur», Odile Cornuz autopsiant une relation de couple toxique par le biais d’objets du quotidien dans «Fusil» et Valentin Décoppet tissant son polar social «Les déshérités». Dans la sélection figurait aussi «Sa préférée», de la Valaisanne Sarah Jollien-Fardel. Le roman, retenu en septembre dernier dans la première liste du Goncourt, a par ailleurs reçu le Prix Fnac, le Choix Goncourt de la Suisse et le Goncourt des prisonniers.
Lors d’une session du club de lecture portant sur les livres candidats pour le prix qui s’est tenue en janvier à l’Université populaire de Lausanne, à laquelle nous avons assisté, «Sa préférée» est revenu à plusieurs reprises dans les intentions de vote, avec cependant toujours l’envie, de la part des lectrices et lecteurs, de donner sa chance à un roman moins médiatisé et moins auréolé.
Plus de 800 votants
C’est d’ailleurs exactement le but du concours littéraire selon Isabelle Falconnier, déléguée lausannoise à la politique du livre: «Cela conforte le prix dans sa mission de faire découvrir des auteurs et des maisons d’édition romandes.» Cette édition, qui drainait large avec un vote ouvert à toute la francophonie selon la formule inaugurée l’an passé, a réuni 868 votants, principalement de Suisse romande, mais aussi des cantons alémaniques, du Tessin ou de l’étranger.
Par rapport à l’édition précédente (367 votes), la participation a plus que doublé, notamment en raison de l’implication de plusieurs lieux du livre en Suisse romande. Les cinq auteurs en lice ont chacun reçu 5000 francs, tandis qu’Eric Bulliard sera accueilli en résidence littéraire au château de Lavigny par la Fondation Ledig-Rowohlt et la Ville de Lausanne.
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