Voici plus d’un an que l’épidémie de coronavirus sévit. L’heure est donc venue de tirer un rapide bilan pour savoir comment les pays ont géré la crise. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le bilan n’est pas très flatteur pour la Suisse, l’Europe ou les États-Unis. Beaucoup de contaminations, beaucoup d’hospitalisations, beaucoup de morts, avec en prime une économie au ralenti et des États qui s’endettent de dizaines ou centaines de milliards pour empêcher une gigantesque crise sociale.
On est bien obligé de constater que nombre de pays asiatiques ou du Pacifique s’en tirent bien mieux. Certains comme la Chine, la Corée du Sud, Taïwan ou l’Australie comptent très peu de morts et sortent souvent renforcés économiquement. Et surtout, ces pays ne font pas face à des lockdowns massifs et à répétition comme en Europe. En Nouvelle-Zélande, un concert réunissant 20’000 personnes sans masques et collées les unes aux autres vient d’être organisé.
«La Suisse n’a jamais pratiqué un contrôle sérieux des frontières, une quarantaine crédible, même pour la voie aérienne plus facile à contrôler.»
Cette différence n’est pas due aux températures ou à la malchance, mais avant tout due à la stratégie choisie par les gouvernements. En Suisse et en Europe, il a été décidé de «vivre avec le virus». On l’a donc laissé venir et on se contente d’empêcher que les hôpitaux ne soient débordés. En Asie ou en Nouvelle-Zélande, on vise d’emblée le «zéro contamination». On verrouille les frontières avec tests et quarantaines musclées à l’entrée, tout en mettant le paquet sur le dépistage pour éradiquer rapidement tout foyer d’infection.
Avec le recul, la Suisse a-t-elle choisi la mauvaise stratégie? C’est la question que nous avons posée mercredi au président de la Confédération Guy Parmelin. Sa réponse: non. Il assume complètement le rythme de sénateur de la Suisse à lutter contre l’épidémie en raison des discussions avec les cantons et les acteurs économiques.
Alain Berset, lui, considère qu’on ne peut pas comparer des pommes avec des poires. Il est plus facile de verrouiller les frontières pour des pays insulaires comme Taïwan ou la Nouvelle-Zélande que de le faire pour une Suisse au cœur de l’Europe. Vrai. La lutte contre l’épidémie, quand vous avez des flux de mobilité importants, et notamment celui quotidien de 325’000 frontaliers, complique les choses.
Pas impossible
Mais ce n’est parce que c’est difficile que c’est impossible. Encore faut-il être convaincu de la stratégie de base visant le zéro contamination. Or la Suisse n’a jamais pratiqué un contrôle sérieux des frontières, une quarantaine crédible, même pour la voie aérienne plus facile à contrôler. Ce n’est pas un hasard si le virus mutant britannique a pu rapidement entrer dans le pays.
La Suisse va donc continuer son bricolage coûteux. Elle va contrôler un peu plus, tester un peu plus, mais cela ne suffira pas à la hisser dans la catégorie des pays modèles dans la lutte contre l’épidémie.
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La rédaction – La stratégie «Vivre avec le virus» a-t-elle échoué?
Le Conseil fédéral assume complètement la stratégie de la Suisse pour lutter contre l’épidémie.