On sent que Credit Suisse est passé par là. Alors que la réexportation d’armes était LE sujet de prédilection, la donne a changé à Berne. Cette question et le débat sur la neutralité ne suscitent désormais qu’un intérêt poli de la part des élus. Un scénario presque écrit d’avance. Et ce pour trois raisons.
La première est que les partis ont surréagi sur ce dossier. L’invasion de l’Ukraine a pris tout le monde de court. Très rapidement la Suisse a dû choisir son camp. Pressé d’aider Kiev, aussi militairement, chacun y est allé de sa proposition pour tordre la législation sur le matériel de guerre. Le tout sans aucune coordination.
«Non content d’avoir proposé diverses solutions, les partis favorables à la réexportation se font un malin plaisir à couler les idées des autres.»
La deuxième est liée à la guéguerre partisane qui se joue en cette année d’élections. Non content d’avoir proposé diverses solutions, les partis favorables à la réexportation se font un malin plaisir à couler les idées des autres. Le deal PLR-PS n’était qu’une illusion et le Centre se trouve à devoir justifier sa volonté d’assouplir des règles qu’il a lui-même durcies. À ce petit jeu, les Verts et l’UDC qui n’ont jamais voulu entendre parler de réexportation se frottent les mains.
Enfin, le fait que le Conseil fédéral s’en tienne lui aussi à une vision stricte de la neutralité – quitte à fâcher ses partenaires européens - n’aide pas le parlement à s’unir derrière un dénominateur commun.
La conséquence? Le parlement va continuer à tergiverser sur la flopée de propositions sur la table. Incapable d’anticiper, il risque d’arriver à un compromis brinquebalant qui ne satisfera personne. Et compte tenu de la lenteur des processus parlementaires, cette solution émergera alors que le conflit sera terminé. La Suisse aura, comme souvent, une guerre de retard. Ce qui pourrait finalement arranger tout le monde à Berne.
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Édito sur l’Ukraine – La Suisse a une guerre de retard
De retour sous la Coupole, le débat sur la réexportation d’armes se fait plutôt discret. Comme pour mieux se préparer à l’enterrer.