Réchauffement climatiqueLa Suisse devra affronter des sécheresses plus fréquentes
Alors que l’eau se fera de plus en plus rare en été, des crues spectaculaires sont à prévoir ces prochaines années, avertit une experte en hydrologie.

La canicule et la sécheresse de ces derniers temps assoiffent les lacs et cours d’eau. D’après le dernier bulletin hydrologique de l’Office fédéral de l’environnement, les zones particulièrement touchées sont le Jura, le Plateau et le sud du Tessin, qui affichent un niveau d’eau particulièrement bas.
Plusieurs Cantons ont déjà édicté des interdictions de pompage. De nombreuses Communes incitent à prendre des mesures, comme éviter l’arrosage des pelouses ou le nettoyage des voitures.
Les pénuries d’eau sont pourtant des phénomènes auxquels nous devrons nous habituer, annonce jeudi l’hydrologue Manuela Brunner dans une interview accordée au «Temps».
«La menace la plus sérieuse concerne l’approvisionnement en eau potable des régions dépourvues de réserves souterraines.»
La professeure à l’École polytechnique fédérale de Zurich estime que «le changement climatique va avoir un fort impact sur la disponibilité de l’eau en Suisse». Même si la quantité annuelle d’eau devrait être équivalente à ce que l’on mesure actuellement, les hivers seront plus humides et les étés plus secs.
Moins de neige
Manuela Brunner s’attend à des crues et des sécheresses estivales fréquentes. Les précipitations seront plus rares en été et la fonte des neiges aura lieu plus tôt dans l’année. Ce décalage associé à des chutes de neige moins importantes en hiver rendra les épisodes de sécheresse plus difficiles à prévoir.
L’approvisionnement en eau en été ne sera assuré plus que par les précipitations. Bien que les rivières de montagne soient encore alimentées par la fonte des glaciers, il est impossible de compter sur cette ressource à long terme. L’hydrologue affirme en effet que d’ici à la fin du siècle, les glaciers auront totalement disparu.
L’agriculture, la pêche ou encore les écosystèmes aquatiques seront les autres principales victimes de ces sécheresses. «La menace le plus sérieuse concerne l’approvisionnement en eau potable des régions dépourvues de réserves souterraines», souligne Manuela Brunner.
Des «crues éclair» plus fréquentes et spectaculaires feront partie du décor de ces prochaines années. Les fortes pluies des orages estivaux ne pourront pas être absorbées suffisamment rapidement par le sol chaud, ce qui pourrait entraîner d’impressionnantes inondations.
Il est temps de s’adapter à ces changements «désormais inéluctables» en optimisant la consommation d’eau dans tous les domaines, affirme l’hydrologue.
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