AnalyseLa Suisse est la dernière chance de survie du Gripen
La Suède s'émeut des conditions très favorables accordées à la Suisse. Tout en étant consciente qu'elle doit trouver des contrats pour maintenir Saab à flot. La Suisse est le seul pays à s'être engagé.

L'accord-cadre pour l'achat des Gripen signé entre la Suisse et la Suède n'a pas manqué de faire réagir dans le royaume scandinave. Il faut dire qu'il est très largement favorable à la Suisse qui voit ses conditions d'achat – prix, délais, et équipements technologiques – garanties par l'Etat suédois.
«Cela pourrait coûter très cher à notre pays et à nos contribuables», écrit Expressen, le grand quotidien de boulevard édité à Stockholm.
Effectivement, l'avion de combat souhaité par les forces aériennes suisses et suédoises est, de l'avis de nombreux experts, bien plus qu'une nouvelle version de l'actuel Gripen C/D. Car le Gripen E/F doit intégrer nombre d'améliorations.
Ainsi la Suisse a passé commande de 22 avions à un prix fixe de 3,1 milliards. Tandis que la Suède veut en acquérir de 40 à 60 exemplaires pour un montant de quelque 15 milliards de francs suisse.
Plus cher aux Suédois
Pour le coup, la Suède accepte grosso modo de payer ses Gripen E/F dans une fourchette de prix qui oscille entre 250 et 375 millions de francs suisses l'unité. Tandis qu'elle assure vendre le même avion à la Suisse à un prix fixe de 140 millions l'unité.
«Le développement d'un projet aussi complexe technologiquement et aussi long dans le temps provoque toujours des frais imprévus», analyse ainsi un spécialiste de la sécurité, le Suédois Johan Turnberger.
«Il se pourrait effectivement que le Gripen revienne plus cher aux Suédois qu'à la Suisse», a souligné Ueli Maurer hier en conférence de presse. Mais ce contrat est peut-être celui de la dernière chance pour la firme Saab qui doit coûte que coûte trouver des contrats pour se maintenir à flot dans un marché très concurrentiel. Et la Suède veut sauvegarder une industrie aéronautique dans son pays.
Une défaite pour la démocratie suédoise
Ainsi, hier lors de la conférence de presse, Christian Catrina, chef du service politique de sécurité du Département de la défense (DDPS), n'a pas caché le contexte dans lequel s'est déroulée la négociation auquel il a participé. «Ce très bon résultat est aussi la conséquence de la situation objective: les Suédois veulent développer le Gripen E. Pour l'instant la Suisse est le seul pays partenaire. Alors évidemment comme partenaire essentiel, nous avons une position assez forte dans les négociations», affirme sans détour Christian Catrina.
Le chef des forces armées suédoises Sverker Goranson, interrogé par la presse suédoise, n'a pas voulu commenter l'accord-cadre. Mais selon cette même presse suédoise, le deal avec la Suisse est celui de la dernière chance pour Saab. Car toutes les autres démarches pour vendre le Gripen ont échoué ou sont en stand-by.
Pour le coup, le chef de l'armée suédoise devra présenter le programme d'armement le plus cher de l'histoire de son pays. «C'est une grande défaite pour notre démocratie», commente amèrement Expressen, le quotidien d'obédience conservatrice.
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