Je cherche sur toutes les plateformes et dans les multiples articles écrits au sujet du rapport de la Suisse à la cybersécurité. Et non, je ne trouve rien de véritablement convaincant. Même les Swiss Cyber Security Days, et leur armada de conférences, qui se tenaient cette semaine à Fribourg, ne me convainquent pas.
«C’était attendu», nous dit l’OFS. Attendu, peut-être. Rassurant, sûrement pas. On dénombre une moyenne de 83 dénonciations par jour. Pratiquement 88% d’entre elles concernent le domaine de la «cybercriminalité économique». La hausse s’est concentrée sur les «cyberescroqueries». Si on entre un peu dans le détail, deux genres d’arnaques prédominent: la non-livraison de marchandises vendues sur des sites de petites annonces et l’usurpation des systèmes de paiements personnels ou de l’identité (voire de les toutes données d’identification personnelle) pour commettre des fraudes.
«La Suisse, ce Pays de Cocagne, est la plus magnifique des proies.»
La Conférence des commandants des polices cantonales le dit: «La numérisation croissante du quotidien favorise cette tendance à la hausse. Les conditions de vie durant la crise sanitaire liée au Covid-19 auraient également eu un impact.» Attendu, peut-être. Rassurant, vraiment pas. Toutes les grandes institutions de Suisse auront bientôt été impactées. La Croix-Rouge internationale, des administrations fédérales ou communales, La Poste, les CFF, Swissport, l’Université de Neuchâtel. Et la semaine dernière, on a atteint des sommets avec la découverte de milliers de données de patients neuchâtelois sur le darknet, le web où les méchants adorent venir se servir.
On le sait très bien: la Suisse, ce Pays de Cocagne, est la plus magnifique des proies et il arrive très souvent qu’après une cyberattaque, que ce soit d’hameçonnage (phishing), des arnaques ou encore de logiciels malveillants, les individus ou certaines entreprises, désorientés, paient les rançons.
Des défenses à améliorer
Mais qu’est-ce qu’on attend pour améliorer nos cyberdéfenses déficientes? Certes, plusieurs cantons, à l’image de Genève ou du Jura, ont renforcé leurs effectifs d’agents consacrés à la cybercriminalité ou ont monté des structures ad hoc. À Fribourg, on a même nommé un commissaire dédié à ce domaine.
Un expert avisé me confiait il y a peu que n’importe quel gouvernement du monde devrait avoir peur de la potentielle puissance de frappe des hackers russes. J’aurais tendance à le croire, tant il est vrai que les meilleurs de la planète se trouvent chez eux. Et non, ce ne sont pas des enfants de chœur.
Sébastien Jubin est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2018. Il couvre l'actualité fédérale, réalise des reportages, en particulier dans la partie nord du pays. Auparavant, il a travaillé à la RTS dans plusieurs cantons romands ainsi qu'à Radio Fréquence Jura.
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La rédaction – La Suisse, tellement à la traîne en matière de cybersécurité
Face à la hausse des cyberattaques, notre journaliste apporte son regard sur une «situation numérique» très en dessous des besoins en Suisse.