Drame à Villars il y a un siècleLa veille de la fête nationale 1921, le Grand Hôtel part en fumée
Le 31 juillet 1921, vers minuit, l’établissement érigé en 1894, fut détruit dans sa totalité. Il s’agit du plus gigantesque incendie d’un bâtiment de la commune d’Ollon.

Il est un peu moins de minuit ce dimanche 31 juillet 1921 lorsqu’un incendie gigantesque embrase le Grand Hôtel de Villars (à 1275 m d’altitude sur la commune d’Ollon). Depuis le sinistre du chalet de Rosemond quelques années auparavant, Villars n’avait pas connu de feu de grande ampleur.
L’établissement de luxe, fréquenté principalement par les étrangers en cette période estivale, est propriété de Charles Dollfus-Galline (1828-1907). Ce chimiste parisien est issu d’une très riche famille d’industriels du textile de Mulhouse (Alsace). C’est en 1894 qu’il se lance dans la construction du Grand Hôtel. Villars est alors en plein essor touristique depuis la construction de la route Ollon-Chesières en 1868.
Dollfus-Galline achète au préalable le Chalet de Villard qu’il fait raser pour y édifier son établissement. La construction de ce bâtiment de grande taille, au centre du village, prend deux ans. Ouvert en 1896, le Grand Hôtel, largement reconnu pour «sa grande hospitalité», est encore agrandi en 1903. Il peut alors accueillir quelque 250 hôtes (environ 200 lits). Principalement des étrangers. L’établissement est dirigé par Oscar Jeanloz qui plus tard gérera l’hôtel Beauséjour à Lausanne.
Panique à bord
La cause du brasier? Deux sont avancées, mais la principale retenue est la défectuosité d’une des nombreuses cheminées de l’établissement hôtelier comme l’annoncent tous les journaux de l’époque. Alors en période de festivités nationales, une source évoque plus hypothétiquement l’entrée d’une fusée pyrotechnique par une fenêtre et l’embrasement de rideaux.
Rapidement, l’information de l’incendie fuse à Villars et Chesières. Des cris «Au feu, au feu», «C’est le Grand Hôtel qui brûle» sont lancés. C’est le président de la fanfare de l’Union montagnarde qui avait en début de soirée donné un concert dans l’hôtel qui aurait donné précédemment l’alarme.
La version la plus plausible est donc un feu de cheminée qui se déclenche en début de soirée. On croit l’avoir circonscrit, mais le foyer «bouronne» sans surveillance. «Et le feu reprend traîtreusement, se met aux combles et les poutres apparentes commencent à flamber vers 23h30», raconte un témoin à la Feuille d’avis de Lausanne.
Les premiers secours sont apportés par le Corps des sapeurs-pompiers de Villars. «Récemment organisé, son matériel n’est toutefois pas suffisant pour combattre un incendie déclenché dans un grand bâtiment», lit-on dans la Feuille d’avis de Vevey.
Les échelles notamment sont en nombre insuffisant ou trop courtes. Par ailleurs, l’eau manque et la pression des pompes n’est pas suffisante. Les sapeurs villardous font alors rapidement appel à leurs confrères de Gryon, Bex, Ollon et même Aigle qui arrivent avec force matériel et pompes automobiles.
Le feu qui gagne quasi tous les corps de l’établissement, et embrase finalement toute la toiture, culmine à plus de 30m de haut. Le panache de feu et de fumée est évidemment aperçu loin à la ronde. Un autre témoin dit qu’il «était visible depuis Montreux».
Cette nuit-là, l’hôtel accueille quelque 170 hôtes, plus l’ensemble du personnel (environ 80), tous surpris alors dans leur premier sommeil. C’est la panique à bord. A la va-vite, employés de l’hôtel, voisins, clients lancent par les fenêtres, qui du mobilier, qui des effets personnels. Literie et valises sont transportées ou passées de la main à la main vers les champs voisins.
Les clients sont principalement des Français (Paris, Bordeaux, Nîmes, Strasbourg), mais encore des Grecs, des Egyptiens, des Belges, aussi quelques Suisses, dont une famille morgienne. Apeurés, ayant abandonné divers effets, ils sont réconfortés, notamment par des habitantes de Chesières qui leur offrent des boissons chaudes. Les hôtes trouvent refuge dans les chalets environnants et dans les chambres libres de l’Hôtel du Grand Muveran et celles du Villars Palace.
Une nuit entière de lutte
Les hommes du feu luttent toute la nuit face à un brasier hors-norme. Comme si cela ne suffisait pas, vers quatre heures du matin, «l’incendie risque de se propager aux sapins du parc de l’hôtel, menaçant celui du Grand Muveran», dit une personne. En toute hâte, des soldats de la garnison des forts de Saint-Maurice sont dépêchés sur place. Placés sous le commandement du major François Hoguer, ils abattent une quinzaine de conifères.
Ce n’est qu’après l’aube que l’incendie est enfin éteint. On voit clairement qu’il ne reste que deux ou trois pans de murs debout. Le sinistre n’aura heureusement causé aucun décès. Rapidement, les dégâts sont estimés à plus d’un million de francs. Complètement détruit, le Grand Hôtel ne fut pas reconstruit.
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Malheureusement,
les GRECS ont complètement disparu de la Riviera-Chablais et du Pays d'Enhôte.....
Article très intéressant,
FÉLICITATIONS!