Bien sûr, il n’y a pas une seule vérité sur le métier d’écrivain. Le monde de chaque écrivain est différent. Mais d’après mon expérience, le grand public a peu ou pas d’idées sur de nombreuses facettes du soi-disant «monde littéraire». J’écris des livres depuis quatre décennies. J’ai pensé que c’était le bon moment pour partager quelques secrets…
Premièrement, la plupart des écrivains ne sont jamais vraiment payés. J’ai fait publier vingt-cinq livres (dix-huit en français et sept en anglais) et je n’ai jamais été payé. J’ai été invité huit fois à signer des livres lors du merveilleux événement de Morges, Le livre sur les quais. Je suis resté assis sous la tente à dédicacer des livres pendant plus de deux cents heures. Les livres que j’ai signés ont rapporté au moins 30’000 francs à la manifestation. Je n’ai jamais reçu un centime.
«En général, j’échange un livre contre une bonne bouteille de vin.»
Mes éditeurs sont généreux en me donnant des livres que je peux offrir ou vendre à des amis. En général, j’échange un livre contre une bonne bouteille de vin. Bien sûr, les stars de la littérature gagnent de l’argent, même beaucoup, mais pas le reste d’entre nous.
Mon premier roman publié, «Farley’s Jewel», est un bon exemple de ce que les écrivains doivent endurer pour faire publier un livre. Je l’ai écrit en 1994. Je l’ai envoyé à au moins vingt éditeurs de New York (ce qui m’a coûté 30 francs de frais de port à chaque fois). Seuls deux m’ont répondu par un refus photocopié.
Enfin, après quatre ans de recherche, un ami a trouvé un petit éditeur à El Paso, au Texas, qui a dit qu’il publierait le livre, mais que mon ami et moi nous devions payer les 10’000 dollars nécessaires à la première impression. Étonnamment, le livre a remporté un prix et a été sur les présentoirs de centaines de librairies en Amérique pendant quelques mois. Mais je n’ai jamais été payé et mon ami et moi n’avons jamais récupéré nos 10’000 dollars. L’éditeur a dit que lorsque nous avons gagné le prix, il a dû imprimer des milliers de livres et qu’il a fini par perdre de l’argent.
Après cette expérience, il m’a fallu vingt-deux ans pour trouver un autre éditeur dans le monde anglophone. J’ai envoyé au moins 300 lettres à des éditeurs et agents en Angleterre, aux États-Unis, au Canada et en Australie. 98% n’ont jamais répondu.
Malgré un Prix Nobel
Le Prix Nobel de littérature John Maxwell Coetzee a recommandé mon roman «The Anthropologist». Même cela n’a pas aidé. Enfin, en 2022, j’ai trouvé un merveilleux petit éditeur en Angleterre qui adore mon travail et a déjà publié six romans en anglais sur Amazon. Mais, chers amis, il y a plus de 45’000’000 de livres sur Amazon. Faire en sorte que quelqu’un lise le vôtre, c’est comme essayer de trouver un grain de sel dans un champ de neige.
Mais j’aime écrire. Depuis que j’ai pris ma retraite de l’enseignement et du basket il y a neuf ans, je me lève tous les matins à cinq heures pour écrire. Cela m’empêche de devenir fou.
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L’invité – La vérité sur mon métier d’écrivain
Jon Ferguson narre quelques-unes de ses expériences d’auteur.