La vie en rose fluo dans le monde coloré des instruments d'écriture
Directrice d'une maison qui fournit des articles de papeterie, Florence Dubi croit en l'avenir de l'écrit… à la main.

Guichets virtuels de l'administration, banque en ligne, transformation digitale des entreprises: la numérisation d'une grande partie de nos activités quotidiennes, qui fait disparaître la paperasse, est sur toutes les lèvres. Mais ô surprise: les marqueurs, stylos-billes et autres instruments d'écriture ont toujours la cote. C'est du moins la conviction de Florence Dubi-Solliard, directrice de la maison spécialisée Sigrist & Schaub SA, à Saint-Prex.
«La demande reste assez stable, observe-t-elle. Aujourd'hui, il y a encore énormément de collectionneurs et de gens qui aiment les beaux produits. Ils les achètent pour se faire plaisir. Et cela reste quelque chose d'exceptionnel, un beau cadeau d'anniversaire ou de fin d'études.» L'entreprise familiale est spécialisée dans la distribution des instruments d'écriture, en particulier de sept grandes marques internationales (Cross, Uni-ball, Ballograf, Kaweco, Sheaffer, Oberthur et Troika) qui comprennent une gamme étendue de stylos, stylosbilles, plumes, porte-mines, rollers ou marqueurs. Historiquement, ce sont toutes des marques étrangères avec qui travaille la société, car les fabricants suisses ont gardé la main sur leur distribution.
Stylos de présidents
Sur son marché, qui couvre l'ensemble de la Suisse, les clients de Sigrist & Schaub sont des papeteries, boutiques spécialisées, grands magasins, fournisseurs de bureaux, administrations publiques – dont la Confédération – et les entreprises, notamment pour leurs cadeaux d'affaires. «Notre but est de développer nos marques», relève Florence Dubi qui ne paraît pas trop inquiète pour l'avenir, même si elle est attentive à la concurrence étrangère de plus en plus vive. Mais le fournisseur d'articles de papeterie n'en est pas à ses balbutiements dans son créneau. La société a été fondée en 1946, à Morges, par deux hommes: Sigrist et Schaub. Dès le début, ils importèrent la prestigieuse marque Cross qui fournit de longue date les présidents des États-Unis pour signer lois et traités. L'entreprise s'enorgueillit aussi d'avoir introduit en Suisse le premier stylo à bille rechargeable de la marque suédoise Ballograf, dont le mécanisme est garanti à vie et dont une cartouche originale géante assurerait 8 km d'écriture!
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En 1981, c'est le père de Florence Dubi, Jacques Solliard, qui a repris l'affaire, devenant l'unique propriétaire. Bien qu'en âge de la retraite depuis longtemps, le PDG «est toujours présent car il adore ça, remarque sa fille, qui précise, mais il nous laisse agir». Elle est la seule de ses trois enfants – qui ont grandi avec l'entreprise – à avoir repris la direction aux côtés d'une autre femme, Anne-Catherine Farron, chargée du marketing. Toutefois, l'entreprise a depuis lors élargi sa gamme de produits, en particulier dans les fournitures scolaires, agendas et carnets de notes, accessoires en cuir et sacs. De quoi prendre un coup de jeune pour l'entreprise Sigrist & Schaub qui côtoie désormais un monde tout en couleur et fluo, à l'image des cartables d'écoliers ou des produits d'écriture de nouvelles générations. Dans ce domaine scolaire, elle écoule quantité d'accessoires et marqueurs, comme ceux de la marque Posca, toutes surfaces, que connaissent bien les potaches actuels… Des instruments qui font aussi la joie des graphistes et artistes graffeurs de «culture pop».
Située dans la zone industrielle du Glapin, où se trouvent les surfaces de stockage, la société emploie une quinzaine de personnes. Sans véritable concurrent dans son créneau en Suisse romande, elle ambitionne d'accroître son chiffre d'affaires. «Nous voulons grandir, explique la directrice, mais on ne sait pas trop ce que l'avenir nous réserve en tant que distributeur. Il faut rester à l'écoute des marchés et garder les yeux ouverts.» Elle sent bien que le marché se déplace sur Internet mais sans pouvoir mesurer l'impact réel sur son activité spécialisée.
Licence de pilote
À la tête de la PME, Florence Dubi se retrouve dans la situation rare de partager la direction avec une autre femme. Rien de très singulier toutefois à ses yeux car elle dit ne ressentir aucune différence dans le management d'un homme ou d'une femme. Il est vrai qu'elle est habituée, dans ce secteur, à côtoyer des cadres du genre opposé. Elle-même a grandi dans «un monde très masculin» qu'elle ne craint pas d'affronter. Elle a d'ailleurs sans complexe fait une licence de pilote dans un cercle où la gent féminine n'était pas représentée: en ce cas, dit-elle, «j'essaie d'avoir du répondant». Elle qui rêvait d'être pilote de ligne a fait une formation de pilote militaire. Un défi qu'elle n'a finalement pas mené jusqu'au bout en raison de ses voyages.
Une chose est sûre: la cheffe d'entreprise sait reprendre la balle au bond. Elle qui a fait une carrière dans le tennis, décrochant un titre de championne vaudoise. Florence Dubi a fait une formation de haute école commerciale (HEC) à Lausanne, avec une année passée à Berlin. Elle a ensuite vécu huit ans à Zurich, occupée dans l'audit bancaire (KPMG) et la banque (Credit Suisse), avant que la question de la succession de son père ne se pose. C'est en 2008 qu'elle revient dans l'entreprise familiale qu'elle connaissait déjà bien. Son activité – pas à 100% – la satisfait d'autant qu'elle peut se consacrer à sa famille, «c'est important», et s'occuper de ses deux enfants en bas âge. Les grands-parents aident à concilier les vies privée et professionnelle. Florence Dubi a cependant une autre passion qui lui tient à cœur: le Tennis Club de Morges, où elle a joué dans sa jeunesse. Depuis deux ans, elle fait partie du comité.
Publié le: 27.08.2018
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