L'Abbaye accueille son premier reliquaire du XXIe siècle
Un fragment du manteau dit de Saint-Louis a rejoint le trésor agaunois. Un étudiant genevois a conçu le coffret qui l'abrite.

Une nouvelle page dans l'histoire qui lie depuis plus de sept siècles l'abbaye de Saint-Maurice à Louis IX a été écrite. Un fragment du manteau dit de saint Louis repose désormais en la salle du trésor à côté du reliquaire abritant une épine de la couronne du Christ, offerte par le monarque en 1262 (lire encadré).
Une donatrice qui souhaite rester anonyme a fait cadeau en 2015 au monastère de ce petit carré d'étoffe, déniché lors d'une vente aux enchères ( notre édition du 18 juillet ). À défaut d'avoir pu certifier l'appartenance du manteau à Louis IX, les analyses menées par la Fondation bernoise Abegg-Stiftung spécialisée dans l'étude et la conservation des textiles historiques en ont au moins confirmé la contemporanéité.
Révéler sans dévoiler
Vendredi, jour de la Toussaint, l'abbé Jean Scarcella et les chanoines agaunois ont béni le reliquaire conçu pour abriter cette relique. Le printemps dernier, l'abbaye et l'équipe scientifique en charge de l'étude et de la restauration du trésor avaient convié les élèves de la filière Design, bijoux et accessoires de la Haute École d'art et de design (HEAD) de Genève à imaginer un vaisseau pour cette relique.
Le projet de Pierre Sylvain Ferrero a été retenu par le jury composé notamment de l'abbé Jean Scarcella, de la donatrice ou encore de Denise Witschard, conservatrice-restauratrice du trésor abbatial. Baptisé «Custodiat» («qu'il soit conservé»), le coffret a séduit avec ses lignes sobres et son argent travaillé en un mouvement drapé. «Lorsque j'ai découvert les 22 prototypes, trois d'entre eux m'ont immédiatement tapé dans l'œil, dont celui-ci, se souvient Mgr Scarcella. Il y a une pureté dans les lignes et une cohérence avec les autres pièces du trésor: l'or utilisé représente le divin et enserre l'argent, qui symbolise l'humain. Un reliquaire est là pour révéler la relique sans la dévoiler. C'est exactement ce que fait cet objet.»
«Pouvoir travailler sur un tel objet est une chance unique. Il s'agit du premier reliquaire du XXIe siècle à entrer à l'abbaye»
Étudiant en année de bachelor à la HEAD, Pierre Sylvain Ferrero confirme avoir voulu symboliser avec «Custodiat» la texture du morceau d'étoffe. «J'ai été baptisé catholique, mais je n'ai pas baigné dans la religion et ne suis pas pratiquant. Par contre, j'ai beaucoup de respect pour la foi, qu'elle soit chrétienne, musulmane, etc. Pouvoir travailler sur un tel objet est une chance unique. Il s'agit du premier reliquaire du XXIe siècle à entrer à l'abbaye.» Ouvrira-t-elle des portes au futur artiste de 23 ans, qui se spécialise dans le design horloger? «C'est une belle carte de visite, répond l'intéressé. On a son nom à côté de celui de grands orfèvres dont les pièces ont été intégrées depuis des siècles au trésor.» C'est l'étudiant lui-même, avec l'aide de son professeur Fabrice Schaefer, qui a confectionné l'œuvre finale.
Jean Scarcella évoque pour sa part un moment «extraordinaire» pour sa communauté: «L'histoire continue de vivre et cela atteste du fait que ce lieu est également bien vivant. J'ai été très touché en apprenant qu'on nous confierait cette relique. Son arrivée à côté de l'épine du Christ est un symbole fort. C'est aussi la preuve qu'il y a une cohérence dans le plan divin.»
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.