Spectacle historiqueL’âge d’or du péage des Clées ressuscité
Des habitants rejouent l’histoire de cet important lieu de passage au Moyen Âge. Le déclin de la période montre des similitudes avec notre époque.
C’était le péage le plus lucratif du canton de Vaud, après celui de Chillon. Au Moyen Âge, le pont des Clées constituait dès le XIe siècle un passage stratégique pour franchir les gorges de l’Orbe. La taxe exigée aux marchands, qui cheminaient d’Italie jusqu’en France, fit la richesse de la châtellenie, dont seul subsiste le donjon perché sur un éperon rocheux. Jusqu’à 1000 habitants vécurent dans la ville sous la protection d’une forte garnison au XIVe siècle, contre 90 dans le petit bourg actuel.
«Ce petit village de rien du tout était un passage majeur, connu jusqu’au pape! Innocent II s’est plaint de ce péage excessif.»
«Cela fait sept ans que j’habite la commune et je vais de découverte en découverte», s’enthousiasme Pierre-André Vuitel, bouillant de ferveur pour cette époque. «Ce petit village de rien du tout était un passage majeur, connu jusqu’au pape! Innocent II s’est plaint de ce péage excessif.» Le fondateur du musée du moulin d’Orbe, récemment fermé, s’est attelé à raviver l’histoire de cette ancienne ville étape, mise à sac par les Confédérés en 1475.
Spectacle complet
Son projet, «La ville forte des Clées au Moyen Âge», a mis la population à contribution avec les moyens du bord, recyclant des rideaux pour créer les costumes. Il a tout d’abord pris la forme d’un documentaire de vingt-six minutes tourné l’automne passé, chronique de bonne facture du lieu dans son contexte d’alors. Diffusé les samedis et dimanches après-midi depuis juin dans l’église du village, il a attiré 300 personnes. Le film est illustré de scènes où 25 villageois incarnent nobles, paysans, soldats, moines ou marchand génois.
«J’ai accepté de participer car je suis fana des histoires médiévales. C’est une fierté de faire connaître que Les Clées était une importante ville avant, même si j’habite à La Russille, au-dessus!»
Ce dernier est personnifié par l’agriculteur Jean-Luc Conod, 66 ans et aucune expérience théâtrale. «Ça n’a jamais été mon truc!» lâche d’emblée ce taiseux qui déteste être photographié. Il reprendra pourtant son rôle muet, samedi à 20 h 30 devant un public déjà complet de 80 personnes, lors d’une représentation émaillée de contes dépeignant l’époque et de chants séculaires. «J’ai accepté de participer car je suis fana des histoires médiévales. C’est une fierté de faire connaître que Les Clées était une importante ville avant, même si j’habite à La Russille, au-dessus!» Une représentation supplémentaire aura lieu le 3 septembre.
Ses recherches donnent à Pierre-André Vuitel le sentiment que l’histoire se répète, tout comme au déclin de la féodalité. «Quand j’ai commencé ce projet en 2019, j’ignorais qu’il y aurait une pandémie, comme la peste noire, de la spéculation sur les denrées agricoles et une guerre sur le continent, comme il y en a eu à la fin de l’optimum climatique médiéval, qui avait favorisé l’essor des villes, du commerce et la construction des cathédrales.»
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