Patrimoine ferroviaireL’Aigle-Leysin, cette «erreur» historique
Vendredi, les autorités présentent le tracé retenu pour ramener le petit train au centre de la station, alors qu’il avait été pensé pour l’éviter.

Si les voies de l’Aigle-Leysin ont l’air d’éviter soigneusement le centre de la station, c’est que l’air y est particulièrement pur. Pour comprendre ce demi-non-sens, il faut remonter à la seconde moitié du XIXe siècle. À l’époque, les malades atteints de rachitisme, de crétinisme et de phtisie vont se refaire une santé à Leysin.
L’ouverture, en 1875, de la route entre Le Sépey et Leysin facilite l’ascension. Mais les cinq heures de diligence nécessaires sont encore rédhibitoires.
Le 10 septembre 1891, une demande d’une concession de ligne Aigle-Hôtel du Feydey est donc déposée. Afin de limiter les contacts entre les malades et la population locale, le tracé est imaginé pour relier directement les sanatoriums, aujourd’hui occupés en bonne partie par les écoles internationales, des hauts du village. La ligne est inaugurée en 1900: elle permet un développement important de la station, notamment dès 1903. L’inventeur de l’héliothérapie, le Dr Auguste Rollier, ouvre le premier sanatorium destiné aux tuberculeux cette année-là. En 1946, le village abrite quelque 3500 malades. Population leysenoude actuelle: 3900 habitants.
Un classeur plein d’études
L’apparition d’un traitement antibiotique contre la tuberculose met les sanatoriums sur la touche dans les années 1950, mais laisse aussi à Leysin, reconvertie en station touristique, un héritage difficile à gérer en matière de mobilité, avec ce tracé déconnecté du village. Les autorités n’ont eu de cesse de tenter d’y remédier depuis. Déjà envisagée avant la Première Guerre mondiale, l’idée de prolonger les rails jusqu’au sommet de la Berneuse et ses pistes de ski refait surface dans les années 1990. Elle est enterrée définitivement dix-huit ans plus tard par un arrêt du Tribunal administratif fédéral, qui juge le projet incompatible avec les intérêts écologiques d’une zone encore préservée.
Depuis, les études se sont multipliées: le syndic de Leysin en possède un classeur plein. On y trouve notamment la variante d’un prolongement de la ligne au-delà du Feydey. Et, désormais, celle présentée vendredi par les autorités.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.