L'ancien policier a choisi de surfer en artiste sur les vagues du Pacifique
Après avoir fait régner l'ordre à Lausanne, Laurent Kramer est parti à San Diego photographier, travailler sur les yachts et dompter l'océan en longboard.
Aur la plage de Tourmaline, au nord de San Diego, Laurent Kramer est comme chez lui. Dans sa combinaison néoprène sur mesure, il participe pour le fun à la compétition de surf locale, catégorie + de 35 ans. «Je n'ai aucune chance, le niveau est élevé», professait-il avant. Il a finalement terminé sur la troisième marche du podium. «Un coup de bol, j'ai trouvé deux belles vagues.» Il le dit sans fausse modestie. Pourtant, le long garçon au visage tanné sous ses cheveux un peu roux, n'a jamais été pas du genre à faire les choses à moitié dans ses multiples vies. «C'est vrai que j'ai besoin de me passionner et d'aller jusqu'au bout.» Aujourd'hui, il a décidé de faire un break, de tenter un nouveau départ parce qu'«ici, c'est possible, même à mon âge». Il vient de fêter ses 51 ans en Suisse, au Tacos Bar de Lausanne, avec tous les potes qu'il a encore en Suisse malgré sa vie nomade. Car Laurent est du genre sociable et sait rester fidèle en amitié. «J'ai autant de copains policiers qu'avocats ou artistes.»
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S'il est né à Pully, le Vaudois a beaucoup bourlingué. Son père photographe et sa mère peintre et sculpteuse sont partis vivre à Paris, puis plusieurs années en Grèce où ils travaillaient comme mécanicien et cuisinières sur des yachts, avant d'arriver dans le sud de la France. «Ils me faisaient l'école à la maison, je donnais des coups de main à mon père photographe, je revenais à Lausanne voir mes grands-parents qui tenaient une pharmacie à la rue Saint-Laurent. Mais je n'avais pas de copains de classe, je cherchais un peu un cadre.» Il en trouve un à 18?ans, au recrutement, puis dans l'infanterie de montagne à Savatan où il devient sous-officier. «Même si j'étais un peu rebelle parfois, parce que j'ai besoin de comprendre pourquoi je dois faire les choses. Donc je posais des questions au lieu de toujours obéir aveuglément.»
Aller plus loin
Laurent a soif de tout, d'apprendre, de communiquer, de partager et d'aller plus loin. «Il ne peut pas faire les choses sans passion, affirme sa chère amie de surf, Sunny. Et il a raison de toujours aller au fond des choses, non?» Comme quand il devient gardien de piscine à Mon-Repos puis à Bellerive et qu'il se met à la natation. «Je passais des heures dans les bassins pour m'améliorer, avec des conseils de l'entraîneur de la première équipe, même si j'étais trop vieux pour la compétition.» Mais il se lasse parfois, par exemple de ne contempler que la ligne noire au fond du bassin. Il se dirige alors vers le triathlon.
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En même temps, après tous ces boulots, l'ancien portier du MAD première époque devient policier. «Mes parents bohèmes n'ont pas compris au départ, mais ils m'ont soutenu dès qu'ils ont vu que j'étais heureux.» Le corps lausannois devient ainsi un nouveau cadre dans sa vie, après l'école de police municipale. Là aussi, Laurent est autant un peu rebelle que profondément impliqué. Dans police secours, dans le groupe d'intervention et même comme tireur d'élite. «Je n'ai jamais dû tirer sur quelqu'un, fort heureusement.» C'est là aussi que le jeune homme apprend le respect auprès de l'adjudant Gambini. «C'est essentiel pour moi, que le policier respecte les gens et vice versa. Je crois que les choses ont malheureusement beaucoup changé à Lausanne, où les civils prennent les flics à partie.»
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Le trentenaire n'hésite jamais à changer de vie, à partir dans la police fribourgeoise pour les beaux yeux d'une Bulloise, ou à y apprendre le hockey au CP Glâne. «Au début, je ralentissais l'entraînement mais je suis têtu, je me suis accroché, je faisais six heures de patin par semaine à côté pour progresser.» Il n'y a jamais de forfanterie dans sa voix. On le sent autant dans le contrôle de son entourage, par bienveillance, que presque zen dans sa tête. «J'ai à la fois le côté artiste de mes parents et le côté cadré de l'ancien flic», sourit-il sur la terrasse du bar hawaiien où on le retrouve le lendemain pour partager un brunch. Il salue tout le monde, que ce soit des copains de surf, des partenaires de billard où il excelle, ou des complices de cross fit qu'il a commencé pour «se remettre en forme». Il vient de traverser les États-Unis dans sa Jeep de 17 ans pour son nouveau projet: quatre jours de route, depuis Fort Lauderdale, «où tu as le temps de réfléchir».
Émigré aux États-Unis en 2007, à la suite de ses parents qui y avaient gagné une Green Card dans une loterie en 1997, Laurent redécouvre sa propre sensibilité. «J'avais pris des cours de chant, l'occasion de réorienter ma vie côté artistique.» Il se remet à la photo, commence le longboard sur cet océan sauvage. «J'ai été aspiré par la plage. Mais ce n'est pas très productif. J'ai perdu beaucoup de temps et d'argent dans la vie cool du surfeur.» Il galère, devient serveur à 8 dollars de l'heure avant de se rappeler son enfance en bateau. Mécanicien, puis ingénieur sur les yachts, il voyage entre Californie et Floride, revient, repart, se fait des amis, une amoureuse dont il promène toujours le chien «Tula». «À la fin, je bossais sur un yacht de 40?mètres d'un richissime et adorable New-Yorkais. Ça te cadre aussi et j'aime tellement l'océan, l'infini, l'horizon.»
Le goût du large
Il a mis de l'argent de côté, a lâché la marine pour se relancer dans la photo en Californie. Mais d'abord, il veut s'engager pour une mission de quatre mois avec Sea Shepherd, l'ONG qui protège la mer et sa faune. Ensuite, si la photo ne lui suffit pas, il fera à nouveau des missions temporaires sur des yachts. «L'éthique professionnelle qu'on apprend en Suisse est appréciée ici. Je sais rester souple, léger et mobile comme le sont les Américains. Pour ça, ce pays est formidable, positif, entreprenant. Même si je préférais le président précédent, qui était nettement plus classe.» On n'ira pas plus loin en politique, il s'agit de garder sa place d'immigré. Si la nostalgie helvétique le prend parfois, qu'il reconnaît même que des sapins sont suisses s'il les voit en photo, il ne se voit plus revenir vivre au pays. «C'est magnifique, j'y ai de la famille, des amis, j'adore la qualité de la nourriture. Mais c'est trop petit, trop limité, il me faut du large.»
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