L'architecture moderne, grande absente de la liste des monuments classés
La 2e édition de Patrimonial livre la liste des près de 2000 monuments classés. Et énumère les défis qui attendent la protection cantonale des sites.

Faut-il faire apparaître le Théâtre de Vidy aux côtés de la cathédrale de Lausanne dans la liste des monuments historiques? Le bâtiment de Max Bill (1964) peut-il être classé au même titre que l'église médiévale? La question est sur le métier des Monuments et sites du canton de Vaud (SIPAL), qui viennent de publier, à l'occasion de la 2e édition de la revue annuelle Patrimonial, la liste mise à jour des 1963 objets vaudois classés monuments historiques depuis 1900, début de cette mesure de protection.
Aujourd'hui, le théâtre de Max Bill n'est ni classé ni même inscrit à l'inventaire des monuments non classés. Cette deuxième liste, sorte d'antichambre du classement, compte 9330 objets, dont, chaque année, entre 2 et 5 basculent dans la première catégorie (monuments classés) par mesure d'urgence. Un cas récent (mars 2016) est le château de Duillier, où des travaux aux conséquences irréversibles réalisés en 2015 sans autorisation ont conduit au classement. Dorénavant, toute intervention devra être supervisée par le SIPAL. A ces classements urgents, et réalisés d'autorité par le Canton, s'ajoutent quelques objets dont les propriétaires ont demandé cette mesure de protection (la seule qui leur permet d'obtenir des subventions pour l'entretien). Quoi qu'il en soit, rares sont les bâtiments modernes qui côtoient châteaux, cures et maisons bourgeoises dans cette liste prestigieuse (on peut lister la Villa Le Lac, à Corseaux, ou encore la salle Métropole, à Lausanne). Alors même qu'aujourd'hui, la production architecturale datant du second après-guerre représente environ 60% du bâti des agglomérations, note l'architecte Bruno Marchand dans la revue.
Commission du XXe
Pour pallier cette absence, le Canton vient de désigner une commission chargée de recenser les réalisations modernes dignes d'intérêt. «Il y aura des classements liés au travail de cette commission», promet Laurent Chenu, conservateur cantonal.
Par exemple, le bâtiment signé Jean Tschumi (1954), siège de la Vaudoise, situé à l'avenue de Cour à Lausanne, rejoindra sans doute la liste, laisse entendre le conservateur. Inscrit à l'inventaire depuis 2002, l'immeuble est en note 1 (intérêt national) au recensement architectural. Il partage cette évaluation (qui n'est pas une mesure légale de protection) avec la cathédrale ou encore l'Hôtel de Ville de Lausanne, tous deux classés.
Protection du passé
C'est que l'histoire vaudoise de la protection des monuments, racontée dans Patrimonial, a depuis le début été tournée vers le passé. Pionnier dans le domaine, le Canton a d'abord voulu mettre fin aux «vandalismes» et «destructions programmées des monuments antiques», explique Laurent Chenu. Puis, par sa loi de 1898 (la première du genre en Suisse), il a pensé restauration sous contrôle et aide financière de l'Etat.
La liste des bâtiments classés qui compte 1963 objets aujourd'hui n'en comptait que 274 en 1900. Une inflation qui ne signifie pas un ajout systématique, mais aussi des retranchements, toujours étayés par le même esprit: une recherche documentée et éclairée inscrite dans un mouvement dynamique voué à protéger ce qui est scientifiquement – et non pas émotionnellement – digne de l'être. Car «l'intervention sur un bâtiment ne peut se faire que sur des connaissances, que sur la compréhension de sa construction», conclut Laurent Chenu.
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