Théâtre«L'Arsenic sème des graines qui éclosent à l'international»
À la tête de l'Arsenic depuis un an, Patrick de Rham s'inscrit dans la veine de ses prédécesseurs mais imprime sa patte, celle de défricheur de talents émergents secouant nos modes de pensée.

Ancien directeur des Urbaines, Patrick de Rham revient sur sa première saison à la tête de l'Arsenic et livre ses réflexions sur ce vivier de la création contemporaine, axé pour deux tiers sur les productions romandes. Interview.
Comment vous inscrivez-vous dans la lignée des directeurs de l'Arsenic?
Je n'ai pas l'intention de révolutionner la programmation. Le travail de cette maison est de repérer, très tôt, des artistes qui injectent des idées, proposent de nouvelles esthétiques. Actuellement, nous sommes dans un système qui pousse à miser sur les têtes d'affiche, les stars. Mais je pense qu'il est nocif à l'art. Cela mène à un cul-de-sac idéologique. Le monde du théâtre francophone est d'ailleurs en crise.
Pourquoi?
Nous nous trouvons dans un système qui s'est construit autour de figures qui ont beaucoup répété les mêmes choses – sans vouloir critiquer qui que ce soit. La culture du théâtre francophone est, historiquement, une culture du mâle blanc. Or l'art contemporain essaie de décoloniser sa pensée, de sortir de ce moule.
Quel a été et quel est le rôle de l'Arsenic dans ce contexte?
La Suisse romande a énormément contribué à inventer de nouvelles expressions. Gilles Jobin, Yan Duyvendak, Massimo Furlan ont tous proposé des formes innovantes, rafraîchissantes. Le spectacle romand a réussi à se faire original, malin. Dans cette histoire-là, l'Arsenic a joué un rôle central. Dès le début, Jacques Gardel, Thierry Spicher puis Sandrine Kuster ont proposé quelque chose de différent. Mon rôle est de poursuivre dans cette lignée. L'Arsenic est un lieu où on sème des graines qui éclosent en Suisse et à l'international.
Quels sont les artistes émergents qui rayonnent actuellement?
Les performeurs Pamina de Coulon (ndlr: qui proposera un «Work in progress» à la fin du mois), Price, Simone Aughterlony ou Maud Blandel (jeune chorégraphe en résidence à l'Arsenic).
Comment l'Arsenic accompagne-t-il ces artistes émergents?
Nous cherchons à leur offrir un outil de travail, et non pas d'assurer leur communication. Nous aidons les artistes en leur proposant un cadre où ils peuvent expérimenter, se tromper, reprendre. Les «Work in progress» (ndlr: formes courtes proposées au public en cours de création, gratuitement) répondaient à une réelle demande de la part des créateurs, et le public est séduit par cette formule.
Justement, le public s'est-il renouvelé depuis votre arrivée?
Oui, nous avons réussi à rafraîchir le public. Il rajeunit, se diversifie. Et nous avons enregistré une légère augmentation.
Que répondez-vous aux personnes qui taxent l'Arsenic d'élitisme?
Quand on est dans les alternatives, on est taxé d'élitisme. On ne sert par le panem et circenses de la société de consommation. Mais ce n'est pas de l'élitisme, c'est une foi dans l'alternative! Le public est intelligent. S'il vient à l'Arsenic, c'est parce qu'il veut être dérouté, étonné, et parce qu'il a compris qu'il va se passer quelque chose de différent. J'essaie de créer une ambition collective autour d'artistes. Et cette ambition est accessible à tout le monde.
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