Exotisme vaudois (8/41)L’assistance électrique met les Alpes vaudoises à portée de tous les mollets
La région de Villars développe une offre qui, bien qu’encore timide, confirme l’e-VTT comme le moyen d’apprivoiser les cimes autrefois réservées aux bons sportifs.
«Pourquoi s’essouffler pour pouvoir souffler?» C’est l’un des slogans mis en avant cet été par la région touristique qui englobe Bex, Villars, Gryon et Les Diablerets. Celui-ci pourrait aussi coller à une pratique de plus en plus en vogue. Après avoir conquis les villes, le vélo électrique s’est adapté aux pentes alpines. Depuis quelques années, il permet d’envisager les dénivelés sans trop craindre le manque d’entraînement. Plusieurs destinations valaisannes proposent déjà des circuits adaptés. Dans les Alpes vaudoises, on trouve ici et là des locations à la journée mais Villars propose une offre regroupant une nuit à l’hôtel et une journée de balade.
Il suffit d’observer les sourires goguenards quand on annonce qu’on va faire de l’e-VTT. Pour un peu, on vous traiterait de flemmard! C’est oublier un peu vite que ces machines ne sont pas des motos. On découvre au fil de la journée que la bonne vingtaine de kilos de technologie embarquée peut aussi nécessiter son lot de contribution musculaire.

Quelques brèves recommandations sont nécessaires avant l’assaut des chemins de montagne. «N’hésitez pas à changer les vitesses plutôt que d’augmenter l’assistance du moteur», recommande Guy Dätwyler, qui loue ses machines juste en face de la gare de Villars. L’autonomie des batteries a beau s’être améliorée, il vaut mieux éviter de tomber en panne de jus au milieu d’un béquet. Quelques tours de pédales au plat permettent de se rendre compte que, sans moteur, le frottement des gros pneus et le poids de la monture freinent drastiquement la progression. Fois de professionnel, la batterie devrait toutefois suffire à une journée de sueur assistée.
Itinéraires variés
Munis de cette monture, où aller? La station propose différents itinéraires allant de 10 à 40 kilomètres. On choisit de faire le tour du domaine. Par égard pour la batterie – oui, par manque d’entraînement aussi! – on embarque le vélo dans la télécabine du Roc d’Orsay. Là, les images de grands espaces et de liberté sont un brin douchées par l’obligation de porter un masque. Même en montagne, on n’échappe pas aux règles sanitaires imposées par le coronavirus.
À près de 2000 mètres d’altitude, la vue panoramique sur la vallée du Rhône et les Alpes est sublime, coiffée par le dôme enneigé du Mont-Blanc. Grâce au moteur, les points de vue spectaculaires vont d’ailleurs se succéder tout au long du périple, bien plus que si l’on avait eu recours qu’à la seule force du mollet.

Mais une fois ce point culminant atteint, on ne peut que redescendre. Et c’est la partie la plus technique de cette activité! Si les watts adoucissent les montées, ils n’y peuvent rien dans les descentes. Bien plus abruptes que n’importe quelle route, elles se négocient avec la prudence qu’imposent les irrégularités du sol. Les pensées vont aux freins qui, heureusement, ont suivi la même avancée technologique que les moteurs.
La panne
Lancés sur les chemins escarpés, on a aussi une pensée pour les randonneurs. Suants et soufflants humblement dans la pente, ils subissent l’augmentation du nombre de cyclistes, malgré les appels à céder la priorité aux marcheurs. La différence d’allure entre un deux-roues et un bipède contraint instinctivement ce dernier à interrompre son effort pour laisser passer les bolides. Étant donné le nombre de vélos vendus en cette année de Covid-19, on devine les difficultés de voisinage à venir, mais pour l’heure la perception qui domine est que les chemins de montagne sont à tout le monde. À chacun de faire preuve d’égard pour les autres.

Et puis c’est la tuile. Malgré d’imposants crampons, le pneu arrière vient de se dégonfler d’un coup. C’est le moment où la fière monture survoltée se transforme en un lourd tas de ferraille. On hésite entre les rires et les pleurs, car la chose est si rare qu’aucun kit de réparation n’est prévu dans la location du vélo. Heureusement, on n’est pas loin du col de Bretaye. Au téléphone, le loueur stupéfait nous propose d’envoyer un autre vélo par le train. Pour gagner du temps, le patron du bistrot Bretaye 1808 nous prête généreusement le sien.
C’est qu’il reste un bout de route si l’on veut profiter du panorama. Et le moteur fait agréablement son boulot. On tourne les jambes, il multiplie la force qu’on y met. À 20 km/h en montée, on peut sans autre sourire à cette magnifique journée. On se plaît à jouer les Fabian Cancellara quand nos errances nous sortent des chemins pour franchir le col de la Croix, face au glacier des Diablerets. Un moment d’inattention nous a fait rater une balise. Mais qu’importe, le moteur électrique offre ce confort de pouvoir aller et venir à la recherche de la bonne route. Les plus inquiets téléchargeront la carte sur leur smartphone.
«On aperçoit au loin les chalets pittoresques de Taveyanne. Pas si loin, en réalité, tant le vélo nous pousse à avaler les kilomètres»

On aperçoit au loin les chalets pittoresques de Taveyanne. Pas si loin, en réalité, tant le vélo nous pousse à avaler les kilomètres. Ce n’est qu’après le jambon à l’os et les cornettes proposés par le refuge qu’on s’en rend compte: la route a déjà été longue et le moment de remonter en selle se fait douloureux. Mais le compteur électronique nous rassure, la batterie est encore largement capable de nous ramener au point de départ. Et c’est heureux, car les multiples constructeurs de vélos sont encore assez filous pour s’équiper de prises de recharges différentes. Bien que munies d’une variété de câbles, les quelques bornes installées le long du parcours ne garantissent pas de pouvoir recharger tous les modèles d’e-bike.
Rens.: www.villars-diablerets.ch

C'est hallucinant, à quant la moto ? Pauvres Montagnes !