Accompagnement des requérantsL’aumônerie musulmane dans les centres d’asiles est un succès
Un projet pilote a été lancé il y a un an. Après des retours positifs, il sera prolongé au moins jusqu’à fin 2022.

Le service d’aumônerie musulmane dans les centres fédéraux d’asile (CFA) répond à un réel besoin. Lancé comme projet pilote il y a un an, il sera prolongé au moins jusqu’à fin 2022, suite à une évaluation favorable. Le but est de le pérenniser à plus long terme.
L’aumônerie musulmane complète l’offre existante proposée par les Églises nationales. Sa mise en place, sous la conduite du Secrétariat d’État aux migrations (SEM), a notamment contribué à prévenir des situations de conflit dans les CFA, s’est félicité lundi le SEM lors d’une conférence de presse.
Le SEM se base sur une étude menée par le Centre Suisse Islam et Société (CSIS) de l’Université de Fribourg, qui dresse un bilan très positif du projet. Celui-ci a occupé l’an passé cinq aumôniers musulmans dans les structures régionales de Zurich, de Suisse romande et de Suisse orientale, soit 2,3 équivalents plein-temps. En février, un nouvel aumônier débutera aussi au Tessin.
Médiation
Les aumôniers ont accompagné des requérants de 19 pays différents, dont plus de la moitié sont originaires d’Algérie, d’Afghanistan, du Maroc et de Syrie. Les trois quarts sont des musulmans sunnites, 14% sont chiites, 9% chrétiens. Environ 60% des entretiens ont été menés en arabe, 40% se sont déroulés en anglais, en français ou en berbère.
La grande majorité des personnes ayant bénéficié d’accompagnement étaient des hommes de moins de 40 ans, relève l’étude. Les entretiens ont porté principalement sur des problématiques psychologiques ou psychosomatiques, sur la peur de l’avenir, les conflits, les problèmes familiaux ou encore le stress émotionnel et la dimension religieuse.
La médiation entre les autorités des centres et les requérants, l’apaisement des conflits entre les requérants eux-mêmes, sont des tâches centrales de ce service. La concentration de 200 à 300 personnes dans un lieu fermé suscite des défis et des frustrations à tous les niveaux, rappelle un aumônier ayant participé au projet.
Orientation
«On est face à des jeunes et des personnes souvent complètement désorientées», selon cet aumônier. Il y a donc un vrai travail de soutien, par exemple pour des démarches administratives, ou autour de la question du retour au pays dans les processus migratoires.
Mais les aumôniers ne doivent pas se substituer à d’autres autorités, précise-t-il. Dans leur travail, ils orientent donc fréquemment les réfugiés vers d’autres professionnels, psychologues, aides juridiques, etc.
Interlocuteurs précieux
L’expérience a démontré que les requérants d’asile eux-mêmes recouraient volontiers à ce service. Les aumôniers musulmans sont aussi des interlocuteurs précieux des employés des CFA pour l’encadrement, la sécurité, les soins. En outre, leurs compétences religieuses, culturelles et linguistiques sont particulièrement appréciées.
Zurich, dès 2016, avait été pionnier en la matière. Une association d’utilité publique, Quams, y a été mise en place, qui veille à la qualité de l’aide aux personnes concernées et se pose comme interlocutrice des musulmans au sein des hôpitaux publics, des services de secours et des EMS, en plus des centres d’asile. Elle est ouverte tous les jours, 24 h sur 24.
Pérenniser, intensifier
L’étude suggère d’intensifier la coopération avec Quams et de créer une structure analogue en Suisse romande. Elle propose aussi d’inclure une représentation musulmane dans la coordination de l’aumônerie d’asile, constituée actuellement de représentants du SEM et des Églises nationales.
Si l’évaluation positive du service se confirme, l’aumônerie musulmane sera, dans la mesure du possible, mise en place définitivement dans les centres pour requérants, relève encore le SEM. Les responsables recherchent une solution pour assurer un financement à long terme et une structure pérenne.
ATS
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