Laurence Boissier séduit Anne Richard et les jurés lausannois
La Genevoise a reçu le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne pour son premier roman.

Décidément, la vox populi aime la nouveauté. Pour son édition 2018, les jurés du Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne ont choisi un livre «début de parcours», en l'occurrence le premier roman de la Genevoise Laurence Boissier, «Rentrée des classes». Après l'autre Genevoise Silvia Härri et les Lausannois Sébastien Meier et Antoine Jaquier, le palmarès est frappé au sceau de la fraîcheur même si elle est le fait de personnalités mûres.
Celle de Laurence Boissier est diaphane, flegmatique et presque british. L'artiste a passé la cinquantaine mais elle garde au monde un esprit ouvert et aérien. Traductrice, nouvelliste, architecte, elle «s'est longtemps cherchée et j'ai fait des erreurs de casting». Elle installe ici un premier roman fait de courts chapitres qui interrogent la mort, l'absence et le vent autour de la rade de Genève. Une mélodie douce-amère où les sourires succèdent à la mélancolie, où la naïveté évanescente de l'héroïne répond étrangement à la longue silhouette de l'auteur et à la place légère qu'elle pose sur la vie. «C'est vrai qu'il y a un peu de moi dans Élise, nous avouait l'auteure l'automne dernier. Elle bricole, elle a des projets un peu débiles. J'aime bien aussi les projets un peu débiles, c'est-à-dire un peu à côté, c'est tellement mieux.»
Un bijou à partager
«C'est un vrai petit bijou de tendresse, explique la comédienne Anne Richard, qui a joué la présidente du jury amateur cette année. Ce qui nous a décidés, c'est que c'est un livre qu'on a tous envie de partager.» C'est en effet la grande force de ce petit livre. Parler de la disparition d'un être cher avec tant de délicatesse, sans jamais verser dans le pathos, sans avoir l'air d'y toucher, comme le fait l'héroïne. Son mari, maître voilier, a «disparu en mer». Dans cette Genève des années 1970, battue par la bise ou le joran, véritables personnages du roman, la jeune femme est sidérée par cette absence. Elle traverse la vie sans y toucher, presque sans y intervenir, ne serait-ce que par ces idées qui déconcertent le directeur du musée où elle travaille un peu. Ce dernier, d'ailleurs, est tout aussi sidéré par le lent déclin de son établissement où plus personne ne vient. Amoureux sans le savoir d'Élise, dominé par sa femme fortunée, il est désemparé.
«Ce livre a des qualités d'écriture et d'émotions évidentes, juge Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la ville. Il est drôle et lumineux, irrésistible. C'est un vrai livre d'écrivain.» C'est elle qui l'a choisi avec son équipe, qui l'a proposé dans cette sélection éclectique, «et elle l'est vraiment». Il y avait en effet la quête seventies d'Alain Bagnoud, l'enquête digitale d'Aude Seigne, le drame féminin de Damien Murith, le roman politique de Slobodan Despot et la quête mémorielle d'Anne Brécart face à l'intime de Laurence Boissier.
La Genevoise, elle, s'est déjà envolée vers d'autres projets, comme ces lectures au Kosovo avec le collectif Bern ist überall, l'écriture de textes sur les Alpes. «Je n'aime pas asséner les choses au lecteur, je préfère les amener par la bande. C'est comme la danse contemporaine où il ne se passe pas grand-chose sur le moment. C'est ensuite que ça prend forme.»
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