Depuis plus de deux mois, les Lausannoises et les Lausannois ont retrouvé le sommeil. Ah bon, me direz-vous, mais de quelle manière? Par une distribution massive de somnifères? Vous n’y êtes pas, la Municipalité a simplement décidé d’abaisser la vitesse à Lausanne de 50 km/h en journée à 30 km/h dès 22 heures.
Cette simple réduction de vitesse pour les véhicules a entraîné une diminution par deux du bruit ressenti par les habitantes et habitants. Le passage au 30 km/h a diminué aussi de près de 80% les pics sonores créés par les accélérations rageuses d’automobilistes probablement en mal du Grand Prix de Monaco…
«Le verdict est sans appel: la mesure du 30 km/h est plébiscitée.»
Cela fait plus de dix ans que la gauche lausannoise se bat pour introduire cette mesure. Pendant deux ans, des études ont été effectuées à l’avenue Vinet. La Ville a introduit durant quelques mois le 30 km/h la nuit, puis a réintroduit le 50 km/h aux mêmes heures nocturnes. Ces deux mesures ont à chaque fois été suivies d’un sondage auprès de la population du quartier. Le verdict est sans appel: la mesure du 30 km/h est plébiscitée, plus de 90% des sondés se sont déclarés très heureux de ce changement.
Lausanne se montre ainsi pionnière, car pour la première fois en Suisse, une Commune de cette taille décide de passer à 30 km/h sur tout son territoire. D’autres villes suisses vont suivre: le centre-ville de Sion va passer tout prochainement à 30 km/h de jour comme de nuit et les Villes de Zurich et de Fribourg se préparent à imposer le 30 km/h sur l’ensemble de leur territoire avant l’an 2030.
Moins de bruit, moins de pollution atmosphérique, une ville plus tranquille et une sécurité routière renforcée. Au niveau des accidents, des études relayées par le Bureau de prévention des accidents (BPA) ont prouvé qu’un piéton percuté par une voiture à 50 km/h a six fois moins de chances de survie que s’il a été renversé par un véhicule roulant à 30 km/h. Une raison de plus pour, dans un avenir proche, passer toute la ville à 30 km/h de jour comme de nuit, et cela 7 jours sur 7.
Bon pour notre santé
La réduction de la vitesse a également un impact positif sur la santé. De nombreuses études ont démontré que le bruit durant la nuit est mauvais pour notre santé physique et psychique. En perturbant le sommeil, le bruit crée en effet de l’hypertension artérielle, une augmentation du rythme cardiaque, du stress et de la fatigue. Nous avons donc tout à gagner de nuits plus tranquilles et plus sereines.
Certes, on prendra un peu plus de temps pour se déplacer à Lausanne, mais est-ce vraiment du temps perdu? Traverser la ville de long en large prendra trois minutes de plus à 30 km/h que si on le faisait à 50 km/h. Trois minutes, c’est le temps d’un café… ou le temps de la lecture de cette chronique.
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L’invité – Lausanne à 30 km/h ou l’éloge de la lenteur
Denis Corboz se réjouit de la limitation de la vitesse nocturne dans la capitale vaudoise.