Longtemps, il y a eu une attitude de déni face aux phénomènes racistes en Suisse. Aujourd’hui, cela change et l’opinion publique reconnaît de plus en plus leur existence, les formes différentes qu’ils prennent, les lieux où ils se manifestent et les groupes de personnes qu’ils frappent.
La qualification du mot «racisme» est multiple. Elle peut se définir comme une vision qui répertorie les personnes dans des groupes, en fonction de leur origine, appartenance nationale, ethnique ou religieuse. Dans un acte raciste s’établit une hiérarchie, consciente ou pas, entre les groupes humains. Elle invoque souvent une vision de la culture des autres, vue comme inférieure, voire immuable et incompatible avec celle de la société où l’on vit. Le racisme se manifeste par un sentiment de légitimité pour proférer des préjugés, des stéréotypes, voire des agressions envers des personnes issues des minorités sociales, qu’elles soient noires, musulmanes, roms, juives, asiatiques ou autre.
«Chacune et chacun doit se sentir pleinement légitime de vivre ici à Lausanne, de pouvoir s’exprimer librement.»
Certaines pratiques sociales ou institutionnelles discriminantes envers ces personnes sont enracinées dans ou par l’histoire. Un récent rapport publié par la Confédération fait état d’une réalité de ce racisme que l’on nomme structurel. Il est ainsi primordial de rappeler et rendre visibles ces mécanismes du racisme auprès de la population. D’autant qu’ils se retrouvent dans toute discrimination. Afin de lutter contre ce phénomène dans son ensemble, outre l’aspect légal existant, soit l’article 261 bis du Code pénal, différents axes d’action sont privilégiés par la collectivité publique, comme c’est le cas à la Ville de Lausanne.
Le premier est le soutien et la prise en charge des victimes ou témoins d’actes racistes. Ce travail-là est fondamental, car les victimes, comme les témoins d’actes racistes, sont atteintes dans leur dignité. Elles sont déstabilisées et souffrent d’un sentiment d’injustice. Or, les informer, les accompagner et les orienter afin de faire valoir leurs droits contribue à soulager leur souffrance et le sentiment de solitude.
Racisme structurel
Le deuxième axe s’attaque en particulier au racisme structurel. Il s’agit de la formation du personnel des administrations publiques ou du secteur privé, afin d’assurer des pratiques équitables envers les usagères et usagers. Il s’agit de faire prendre conscience des conséquences que peuvent avoir ses propres représentations sur l’autre, car elles influencent nos actes, décisions, ou paroles, y compris celles qui peuvent paraître anodines.
La sensibilisation du grand public est un axe très important. C’est là en particulier, le rôle de la Semaine d’actions contre le racisme. Grâce aux nombreuses actions et événements mis sur pied par les associations et institutions, elle offre des espaces de réflexion, de parole, de dialogue et de témoignages qui permettent de nommer le problème et de le reconnaître.
Pour la 17e édition de la Semaine lausannoise, l’accent a été mis sur la légitimité de toutes et tous d’être ce que l’on est. L’approche est pragmatique. Elle se déroule au centre-ville comme dans les quartiers, là où se passe le vivre ensemble. Cette édition est le fruit d’une réflexion commune et d’une consultation de la population lausannoise. Elle vise à véhiculer un message d’unité, y compris pour celles et ceux qui ne se sentent pas concernés par ce thème, sur cette calamité qu’est le racisme.
Chacune et chacun doit se sentir pleinement légitime de vivre ici à Lausanne, de pouvoir s’exprimer librement, de ne pas être exclu arbitrairement de son lieu de vie ou de ne pas jouir de l’égalité des chances en raison de sa couleur de peau, de sa religion ou de sa nationalité, d’où l’affirmation déclinable à l’envi, «Lausanne, c’est chez moi»!
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Carte blanche – Lausanne, c’est chez moi!
Pour lutter contre les discriminations, il faut informer, former et sensibiliser, insiste Bashkim Iseni. C’est le rôle de la 17e Semaine lausannoise d’actions contre le racisme.