Les villes dans l’après-CovidLausanne fait place aux vélos et aux terrasses
D’ici à la fin du mois, 7,5 km de route seront réservés aux cyclistes. Et 107 terrasses sont agrandies, alors que les voitures devront se parquer ailleurs et rouler moins vite.

Lausanne bouge mais veut de la tranquillité. La Ville chamboule sa mobilité pour faire face à l’après-Covid. Les autorités annoncent une longue série de mesures de modification des espaces publics pour permettre des déplacements doux et des flâneries en sécurité. Boostés par les demandes politiques, populaires et scientifiques, les élus Florence Germond (PS) et Pierre-Antoine Hildbrand (PLR) présentent un remodelage de leur cité. Tour d’horizon.
7,5 km de pistes cyclables
Chaque année, Lausanne trace à la peinture jaune environ 3 km de réseau pour les vélos. Ce mois de juin, c’est 7,5 km de bande qui apparaîtront sur l’asphalte. «On le sait, un Suisse sur deux a un vélo dans sa cave, rappelle la municipale des Finances et de la Mobilité, Florence Germond. Mais les gens disent souvent qu’ils ne s’y mettent pas parce qu’ils ne se sentent pas en sécurité. Nous avons un énorme retard en la matière en Suisse romande. La période que nous vivons nous permet d’y remédier plus vite.»
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Les chiffres de la circulation à Lausanne montrent que les déplacements sont globalement toujours moins nombreux qu’auparavant. La chute massive du recours aux transports publics et une hausse record d’utilisation de la voiture tendent à se poursuivre, mais dans des proportions plus modestes. Le vélo connaît, lui, une stagnation, voire une très légère hausse, qui devrait donc être boostée par les nouveaux aménagements.

Des artères bien connues seront ainsi sécurisées: avenues de Provence, de-la-Harpe, Mon-Repos, de France, rues de Genève, Saint-Martin… Le tout pouvant être rapidement aménagé et pensé pour durer. «Le Canton permet en ce moment des procédures allégées, indique Florence Germond. Nous pouvons avancer vite et profiter de cette légitimité. Mais nous devrons par la suite passer par le chemin classique lorsque nous voudrons pérenniser les installations.»

Des nouveautés sont aussi testées. Certains couloirs vélos seront tracés, le long des stationnements, à l’arrière des voitures, côté passagers. Histoire de diminuer les risques relatifs aux ouvertures de portières.
C’est sur les places de parc que les autorités entendent prendre l’espace nécessaire. Parking scooters compris, 335 places disparaîtront sur l’ensemble de la ville. Sur un total de 21’000. À noter qu’une centaine d’entre elles se concentrent dans le secteur des Plaines-du-Loup exclusivement. «Là-bas, le taux d’occupation est de 1 sur 2, relativise Florence Germond. Et nous voyons cela partout: souvent, le stationnement est sous-occupé. Il y a assez de places, il s’agit de mieux organiser l’espace.»
Une centaine de terrasses agrandies
L’annonce avait ravi de nombreux bistrotiers, elle se concrétise, et son ampleur est désormais connue. Depuis début mai, ils sont 175 à avoir demandé de pouvoir étaler davantage chaises et tables devant leur établissement. Et 107 ont déjà reçu leur autorisation. La mesure est gratuite et provisoire jusqu’au 31 octobre. «Nous avons tout l’été pour évaluer les conséquences de ces nouvelles configurations, notamment pour les riverains et pour les commerces, relève Pierre-Antoine Hildbrand, municipal lausannois de l’Économie. Personne ne doute cependant que bon nombre de ces aménagements vont perdurer.»

À noter que 25% des terrasses agrandies rognent le stationnement, ce qui représente une cinquantaine de places. Pas de quoi faire hurler même les plus traditionnels amateurs d’automobile. Xavier de Haller, secrétaire général de la section vaudoise de l’Automobile club suisse, élu PLR et avocat, accueille «de façon positive ces mesures de soutien aux commerces. D’ailleurs, nous avons proposé l’an dernier que tout le centre-ville devienne piéton», rappelle l’élu. Pour lui, le nerf de la guerre ne se situe plus dans le maintient d’espaces de stationnement en surface. «Moi aussi je préfère une terrasse plutôt qu’une voiture qui chauffe sur une place de parc!» Mais il dit qu’il veillera à ce que l’accès des automobilistes aux parkings qui bordent le centre soit toujours maintenu.
Lever le pied
Les demandes toujours plus pressantes de politiques pour lutter contre le bruit, mais aussi des rues fortement fréquentées et le besoin de faire de la place aux terrasses donnent des idées aux autorités. Elles lancent une grande démarche de modération de la vitesse automobile. Plusieurs secteurs passeront ainsi en zone 30. D’autres, déjà à ce régime, descendront à 20, autrement dit zone de rencontre, où la priorité absolue est donnée aux piétons. Tel sera par exemple le cas à la rue de la Grotte, en haut de Marterey, un partie du Simplon, la rue Beau-Séjour ou encore l’avenue Montbenon. Au total, 17 rues changent de vitesse autorisée.
La rue Pépinet passe elle aussi à 20 km/h avec priorité aux bipèdes. L’ensemble des places de parc sur la droite en montant passent à la trappe au profit d’une piste vélo. Une voie souvent demandée par les cyclistes, sinon bloqués à la rue Centrale au moment de vouloir remonter à l’étage de Saint-François.

Six secteurs sous la loupe
On l’aura compris, l’heure est aux tests de nouveaux aménagements. Lausanne en profite donc pour délimiter des morceaux de territoire qui pourraient être amenés à profondément changer de nature. Ou à booster des processus déjà en cours. À la Riponne, mais aussi du côté de Benjamin-Constant, de Viret, de la Grotte et de Grancy, c’est en fait l’ensemble des mesures annoncées qui se rencontrent, à différentes intensités. Ici et là, des ralentissements du trafic, de nouvelles terrasses ou encore des aménagements destinés aux passants devraient apparaître dès cet été. Avec, toujours, l’idée d’évaluer si une mutation durable est envisageable.
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