Prix des lecteursLausanne veut faire voter toute la francophonie
Qu’on vive à Lausanne, Genève, en France voisine ou au Québec, on pourra voter pour notre livre romand préféré parmi les cinq retenus.

Désormais, plus besoin de faire acte de candidature pour faire partie d’un jury littéraire. Pour le Prix des lecteurs de la ville de Lausanne en tout cas. Son nom ne change pas. Son concept si. Le concours a toujours revendiqué son côté populaire, mais pour son édition 2022, dont les candidats sont dévoilés ce mercredi, c’est plus vrai que jamais. Par le passé, dix jurés étaient retenus parmi plusieurs dizaines de demandes issues du Grand Lausanne (plus de septante l’an passé).
Cette année, tout le monde pourra voter pour son préféré parmi les cinq livres romands retenus, que ce soit depuis Lausanne, Genève, les autres cantons romands, ou depuis n’importe où ailleurs, puisque le vote se fera en ligne. Seule condition: avoir lu les cinq ouvrages. Pour les lecteurs qui souhaiteraient approfondir le sujet, le vote se fera à l’issue des rencontres avec les auteurs, du 15 février au 15 mars.

Le concept est inédit. En Suisse, le prix du public de la RTS s’appuie aussi sur un jury de lecteurs, mais celui-ci est soigneusement choisi auparavant. Le Roman des Romands, menacé de disparition, est ce qui s’en rapproche le plus, puisqu’il appelle les classes du secondaire 2 à voter pour leur livre préféré. Mais cela se fait à l’issue de rencontres et de journées de débats. Quant aux prestigieux prix français, ils sont désignés par un cénacle d’experts.
Récompense partagée
Un vote électronique ne pose-t-il pas problème, notamment en regard de la somme en jeu? Avec une récompense de 20’000 francs, le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne est un des plus dotés en Suisse. Les organisateurs ont désamorcé la difficulté avec un nouveau système d’attribution: la somme totale (25’000 francs cette année) se voit partagée d’emblée entre les cinq nominés, qui reçoivent désormais 5000 francs chacun.
«La victoire sera avant tout symbolique, mais reste assortie d’un mois de résidence à l’Institut de Lavigny.»
«Nous supprimons ainsi l’enjeu financier. La victoire sera avant tout symbolique, mais reste assortie d’un mois de résidence à l’Institut de Lavigny», remarque Isabelle Falconnier, responsable de la politique du livre à Lausanne. «Le but est avant tout d’encourager la lecture, tout en valorisant les productions romandes.»
Avec une telle démarche, la Ville, qui a développé une ambitieuse politique du livre, tient à faire rayonner encore davantage son concours en Suisse romande. Les auteurs des romans candidats viennent d’ailleurs de divers cantons. La Lausannoise Anne-Frédérique Rochat avec son troublant «Longues nuits et petits jours» (Éd. Slatkine), le Vaudois installé en Valais Julien Sansonnens, qui traverse avec «Septembre éternel» (Éd. de L’Aire) une France contemporaine en crise, la Genevoise Raluca Antonescu qui mûrit dans «Inflorescence» (La Baconnière) une touchante histoire de transmission entre quatre femmes, mais aussi le natif du Jura bernois installé à Bienne Thierry Luterbacher qui, avec «Illégaliste» (Éd. Bernard Campiche), questionne les limites de l’anarchisme et de l’action militante. Enfin, la Jurassienne Rose-Marie Pagnard conte une vertigineuse histoire d’amour dans «Gloria Vynil» (Éd. Zoé).

Les désormais traditionnelles rencontres avec les auteurs sont maintenues au Lausanne Palace, le samedi à 11 heures entre octobre et mars, tandis que la cérémonie publique des prix se tiendra le 31 mars au Casino de Montbenon à Lausanne.
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