Le développement de l’industrie nucléaire a été stoppé net avec l’explosion des réacteurs de la centrale de Daiichi, située au bord de l’océan, à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Fukushima. Sans cet accident, il est probable que la part de l’atome dans la production d’électricité aurait augmenté alors qu’elle régresse depuis dix ans, pour se maintenir aux alentours de 10% (18% en 1990). Si le nucléaire prospère en Chine, son déclin risque de s’accélérer avec le vieillissement et l’arrêt des réacteurs de deuxième génération. Ainsi, on estime que deux tiers des capacités installées dans les pays riches (États-Unis, Europe) pourraient être définitivement fermées en 2040. Sur les ondes de la RTS, le président de l’EPFL, Martin Vetterli, a évoqué l’idée que la production d’électricité à partir de l’atome pourrait être relancée en raison de la crise climatique. «Nous pourrions même être forcés d’acheter du courant provenant de réacteurs chinois», disait-il en substance.
Le président de l’EPFL relance ici un débat très controversé, qui a débuté au milieu des années 1990 lorsque les experts climatiques ont mis en évidence la nécessité de sortir rapidement des énergies fossiles. Faute d’avoir trouvé une viabilité économique, l’industrie nucléaire imaginait alors son avenir dans la lutte contre le C02 (l’atome émet peu de gaz à effet de serre). Cet avenir, qui semblait radieux de ce point de vue, s’est heurté à une réalité bien plus triviale: l’énergie nucléaire n’a jamais trouvé de rentabilité économique lorsqu’elle est exposée à la concurrence. Alors que les prix des énergies renouvelables ont baissé de 70 à 90% en dix ans, les coûts de l’atome ont, eux, grimpé de plus de 30%. Selon toute vraisemblance, la part de l’atome restera modeste dans le mix énergétique mondial. Un tel scénario rend donc d’autant plus urgent l’accélération des investissements dans les énergies vertes. Mais attendre un nouveau miracle de l’atome, comme ce fut le cas à ses débuts, serait une erreur.
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Éditorial – L’avenir modeste du nucléaire
L’électricité tirée de l’atome stagne à 10% et pourrait même régresser d’ici à 2050. La raison est économique.