Le 30 mars, la police cantonale évacuait la Zone à défendre (ZAD) de la colline du Mormont, où le cimentier Holcim extrait les matériaux calcaires indispensables à la fabrication du ciment et du béton. Mais elle n’a pas évacué le débat sur le sujet, de loin pas. Au-delà d’une région dont l’éventuelle protection fera l’objet d’un vote populaire, c’est l’industrie de la construction et l’économie du béton qui sont remises en cause en raison de l'influence sur les émissions de CO2 et sur le changement climatique. Des activistes ont annoncé des oppositions systématiques aux projets en béton. Ce week-end, des militants ont commencé à occuper une forêt où le groupe Orllati, important acteur de la construction, du terrassement et du réemploi de matériaux, a l’intention d’extraire du gravier sablonneux utile à la fabrication du béton.
Le débat semble opposer des fabricants de béton régulièrement accusés de «greenwashing» parce qu’ils affichent des ambitions «zéro carbone» à l’horizon 2050, comme Holcim, à des militants jugés irréalistes ou extrémistes. L’action de ces derniers a eu le mérite de placer «l’économie du béton» sous les projecteurs. Mais elle ne doit pas faire oublier que, discrètement, des spécialistes de l’EPFL et des architectes en exercice critiquent un fonctionnement en «circuit fermé» laissant peu d’ouverture à des matériaux alternatifs comme la terre crue dont l’emploi contribue à des émissions moindres de carbone.
«Des spécialistes critiquent un fonctionnement en «circuit fermé»
Ces professionnels sont réalistes. Lorsqu’on leur dit «si on veut développer les transports publics pour réduire les émissions de CO2, il faudra agrandir les gares et ça ne se fera pas sans béton», par exemple, ils ne le nient pas et précisent: «Mettons le béton là où il est absolument indispensable et utilisons des alternatives partout ailleurs.»
Les alternatives mises en avant sont connues et éprouvées. Elles ne restent pas à l’état théorique et sont employées dans des réalisations concrètes. Mais elles peinent à se faire une place plus large parce qu’il faut, comme on dit, «enclencher la machine». Or la machine du béton tourne déjà à plein régime et occupe beaucoup d’espace. Le changement n’aura pas lieu sans un minimum de volontarisme politique.
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Éditorial – Le béton n’est pas qu’un sujet d’activiste
Pour son travail de master à l’EPFL, un architecte montre que les entreprises qui fabriquent le béton n’ont pas d’intérêt économique à s’intéresser aux alternatives.