CryptomonnaiesLe bitcoin vacille, la cryptosphère résiste
L'arrivée de plusieurs acteurs institutionnels sur le marché des monnaies virtuelles apportent du crédit à l'écosystème blockchain.
La récente chute des monnaies virtuelles, après la flambée de 2017, n'ébranle guère l'optimisme des principaux entrepreneurs suisses de la blockchain. Ils restent convaincus du potentiel de cette révolution technologique et saluent l'arrivée - bien que parfois encore hésitante - de grands acteurs institutionnels.
«La correction actuelle sur les cryptomonnaies est saine», déclare à AWP Lamine Brahimi, co-fondateur de Taurus à Genève, active dans le négoce et le stockage sécurisé d'actifs numériques. L'envolée du bitcoin, qui a frôlé les 20'000 dollars il y a un an, et des autres monnaies numériques, portées par des vagues spéculatrices, n'était pas tenable.
Le bitcoin est retombé vendredi autour des 4000 dollars et une myriade de projets via des levées de fonds numériques (ICO) ont dérapé. Mais le mouvement n'est pas mort. «L'histoire se répète, comme avec le Nasdaq», estime M. Brahimi, en référence à l'indice technologique américain qui s'était effondré avec l'éclatement de la bulle internet en janvier 2000, avant de repartir de plus belle.
«Le marché de la crypto est-il aujourd'hui assaini? Difficile à dire. Mais l'arrivée de plusieurs acteurs institutionnels en Suisse et à l'international valide notre thèse selon laquelle le secteur s'enracine est va continuer à se professionnaliser.»
La Bourse suisse SIX, avec son projet de plate-forme d'échange d'actifs numériques, mais aussi la banque en ligne vaudoise Swissquote, pionnière dans la «crypto», font partie des grands acteurs qui apportent du crédit à l'écosystème blockchain. «Nous les considérons plus comme des partenaires potentiels que comme des concurrents», relève M. Brahimi.
Taurus Group est affilié comme intermédiaire financier à l'Association romande du secteur (Arif) et attend encore le feu vert de la Finma pour lancer ses activités de négoce de valeurs mobilières sur sa plateforme d'échanges numériques. Les soubresauts du bitcoin ne l'effraient pas, parce que son modèle est diversifié, proposant aussi des solutions d'infrastructure comme le stockage d'actifs numériques à l'intention des banques ou la gestion d'actifs digitaux.
Pression des jeunes
Longtemps frileuses, les banques commencent à s'ouvrir à ce nouveau monde, observe Oliver Ernst, représentant pour la Suisse romande de Crypto Broker, société de 45 employés à Zurich qui permet l'accès professionnel aux actifs numériques. «Elles sont mises sous pression par leur jeune clientèle très intéressée par le négoce de cryptomonnaies.»
Cet automne, les volumes des transactions de monnaies numériques - il en existe près de 2300 - sont tombés très bas, de nombreux investisseurs étant soudain refroidis. Mais la technologie qui sous-tend ces monnaies, la blockchain, reste largement considérée dans l'économie et la finance comme incontournable dans un proche avenir car elle permet aux individus d'échanger n'importe quel actif sans passer par un intermédiaire, par un système d'authentification et de contrôle décentralisé.
«L'intérêt porté aux crypto-actifs par des acteurs majeurs démontre qu'il s'agit là d'une classe d'actifs à part entière», relève M. Ernst. Parmi ces géants figurent Fidelity Investments - plus de 7000 milliards de dollars d'actifs sous gestion - ou Goldman Sachs, qui ont mis un pied à l'étrier.
Reste encore, parmi les centaines de start-up suisses du secteur, à trier le bon grain de l'ivraie. La pression réglementaire reste forte face aux risques de blanchiment liés aux nouvelles fortunes en «crypto», dont les acteurs ont toujours grand peine à pouvoir déposer leurs actifs ou à les convertir en monnaies traditionnelles via une banque «classique».
Première banque à s'associer activement à une levée de fonds virtuels, pour le compte de la jeune pousse vaudoise Lakediamond, Swissquote soutient ce modèle de financement participatif en permettant à ses clients d'acheter ces jetons avec des francs.
«Nous avons énormément de demandes de sociétés qui veulent s'inscrire sur notre plateforme pour les ICO. Mais nous retenons d'abord les modèles d'affaires les plus simples. Les acheteurs veulent en outre avoir des droits dans les sociétés où ils investissent», note Yann Isola, spécialiste chez Swissquote.
Les pionniers de la blockchain estiment à trois ans environ le temps qu'il faudra encore à cette technologie pour impacter le grand public. Dans la foulée, les jetons numériques d'investissement seraient appelés à se multiplier dans moult secteurs, de la santé à l'immobilier.
C'est le pari que fait Vincent Trouche, fondateur de Tokenestate à Genève, qui souligne l'énorme potentiel pour les PME que représente cette technologie: «Sur les dizaines de milliers d'entreprises du pays, seules un peu plus de 200 sont cotées à la Bourse suisse.
L'émission de jetons d'investissement comme parts de sociétés permet de lever du capital à un coût bien inférieur à celui d'une cotation».
ats
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