Le Bois de Chênes, un sanctuaire à préserver
On ne pratique plus aucune intervention sylvicole depuis 50 ans dans cette forêt où les arbres vivent selon leur cycle naturel.

«Aussi, elle est mal tenue cette forêt, il y a des arbres partout!» justifiait Obélix après avoir percuté un arbre et l'avoir déraciné aussi sec. Au Bois de Chênes, ce ne sont ni les Gaulois ni les Romains qui laissent du bois mort dans la forêt, mais la longue et patiente œuvre de la nature. Car ici, entre Genolier et Coinsins, on pénètre dans une réserve intégrale, c'est-à-dire une portion de forêt de quelque 30 hectares où l'on ne pratique aucune intervention sylvicole depuis plus de cinquante ans. Elle a fait l'objet d'une mesure de classement par l'Etat de Vaud en 1966. Grâce à l'armée, qui voulait en faire une place de tir, projet qui avait soulevé une vague d'indignation et l'intervention de quelques notables, dont des cavaliers, qui ne voulaient pas que l'on détruise ce magnifique lieu de balade.
Si, aujourd'hui, les chevaux, comme les pique-niqueurs, ont encore droit de cité dans le reste des quelque 140 hectares du Bois de Chênes, qui offre de magnifiques clairières, des prairies sèches et quelques marais, dans la Réserve intégrale et scientifique, on ne peut qu'admirer la végétation, écouter le chant des oiseaux, observer la faune et la flore de cette forêt qui évolue à son rythme, celui de la vie et de la mort des arbres. Car il est interdit d'y faire du feu, de la cueillette, de se promener avec un chien ou d'y ramasser du bois mort.
Refuge naturel préservé
L'impact humain étant limité, on s'attend donc à pénétrer dans une sorte de jungle, un enchevêtrement de branches et de broussailles. Or pas besoin de machette! D'agréables sentiers parcourent ce site tout en bosses et en creux, couvert d'une belle canopée de hêtres, de chênes, de merisiers, d'ormes, de pins sylvestres ou de sapins blancs. Par périodes, des résurgences de la nappe phréatique affleurent sur une pente ou remplissent d'eau le creux embroussaillé du lac Vert, favorisant toute une population de tritons, grenouilles ou libellules.
Mais dans cette réserve, il faut savoir lever la jambe, car nombreux sont les arbres tombés qui barrent le passage. «Ceux-ci ne sont pas forcément morts de vieillesse, mais ont dépéri faute de lumière. Les chênes sont d'ailleurs plus nombreux en lisière de forêt, car à l'intérieur, les grands hêtres dominent et leur font ombrage. Mais quand un arbre tombe, cela crée un puits de lumière qui stimule la repousse du sous-bois», explique le biologiste Florian Meier, qui vient de prendre une semi-retraite après avoir été en charge des lieux depuis 1978. Les chandelles, soit les arbres morts restés debout, offrent un habitat rêvé aux pics et aux chauves-souris qui trouvent un gîte sous un coin d'écorce relevé, alors qu'au sol, les troncs vont vite disparaître, colonisés par les insectes, escargots, limaçons et champignons.
«Pour une question de sécurité et pour marquer le passage à respecter, on tire parfois hors du chemin, avec des chevaux de trait, les plus gros troncs»
«Pour une question de sécurité et pour marquer le passage à respecter, on tire parfois hors du chemin, avec des chevaux de trait, les plus gros troncs», note celui qui a voué sa vie à cette forêt pas comme les autres. La sécurité, c'est justement le thème qui agite les esprits à l'heure où la fondation qui a repris la gestion des lieux et le Canton planchent sur l'élaboration d'un Plan d'affectation cantonal (PAC) pour le Bois de Chênes. A la Direction générale de l'environnement, l'idée serait de ne laisser que deux chemins ouverts au public dans la réserve intégrale et de les sécuriser en coupant les arbres, les tiges et les branches dangereux. Florian Meier préférerait laisser l'accès à la plupart des chemins de ce sanctuaire, mais en avertissant bien le public que c'est à ses risques et périls qu'il y pénètre.
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