DépendanceLe burn-out numérique, ça se soigne
Vous n'en pouvez plus de vérifier votre mobile toutes les trois minutes dans l'attente d'un courrier ou d'un SMS? Les thérapies contre l'addiction aux nouvelles technologies explosent. Exemples.
«Les gens se connectent sans arrêt, partout, dans toutes les positions - au lit, au restaurant, dans les salles d'attente», constate Remy Oudghiri, directeur de l'institut de sondage français Ipsos et auteur d'un livre sur la «e-dépendance».
Les écrans ont colonisé les années 2010. Aux Etats-Unis, près de la moitié des adultes disposent d'un smartphone, et plus d'un tiers arborent une tablette numérique.
«Ce surgissement soudain des possibilités infinies de connexion, après une période initiale d'enthousiasme, conduit chaque utilisateur à réfléchir sur la façon de savourer l'existence tout en profitant de leur connexion. La question se pose de savoir comment éviter la dépendance», ajoute M. Oudghiri.
Les parades à l'e-dépendance
Des chercheurs français ont créé un papier peint spécial qui bloque la transmission des ondes wi-fi. Un fabricant, Ahlstrom, envisage de lancer ce produit sur le marché l'année prochaine.
L'intérêt est grand, en particulier dans les écoles pour empêcher les élèves et les étudiants de passer trop de temps pendus à leur téléphone pendant les cours, d'après un porte-parole de cette société.
D'après une enquête d'Ipsos, près d'un tiers des Français éprouvent le besoin de déconnecter, et des tendances comparables se dégagent dans d'autres pays.
Cure de désintox numérique
En 2006 déjà, Ipsos avait mis en avant que 54% des Français avaient le sentiment de passer moins de temps ensemble en raison des avancées des nouvelles technologies. Et le chiffre est passé à 71% l'année dernière.
Dans le secteur du tourisme, des hôtels se sont engouffrés dans le créneau de la «désintoxication numérique». La chaîne hôtelière Westin à Dublin par exemple propose à ses clients de remettre leurs smartphones et leurs tablettes à la réception. L'hôtel leur offre aussi un kit pour planter un arbre et un jeu de société. Le prix: 215 francs la nuit.
D'autres sociétés ont élaboré des formules originales. L'Américain Digital Detox organise ainsi des retraites sans internet dans des coins isolés des Etats-Unis ou des pays comme le Cambodge.
Opérations marketing
«Cela fleure bon le marketing» pour Thierry Crouzet, un bloggeur qui a volontairement déconnecté pendant six mois. «Il y a des tas d'endroits qui sont tranquilles. Vous n'avez pas besoin de réserver un tour opérateur pour le Pôle Nord».
Ce journaliste de 49 ans a écrit un livre sur son expérience intitulé «J'ai débranché», après avoir subi ce qu'il appelle un burn-out numérique à force de vérifier la nuit ses courriers électroniques, blogs et comptes Twitter.
«La technologie ne nous nourrit pas»
«Je vois beaucoup d'amis blogueurs qui lèvent le pied. Presque tout le monde s'arrête un peu. Nous prenons conscience que la technologie ne nous nourrit pas», ajoute-t-il.
Dans le monde du travail, des entreprises prennent aussi les devants pour que leurs salariés ne soient pas reliés à la toile 24 heures sur 24. Le fabriquant automobile allemand Volkswagen, par exemple, a décidé de ne plus envoyer de courriers électroniques à ses salariés de 18h15 à 7h.
Et pour ceux qui ne peuvent décidément pas résister à l'appel des réseaux sociaux, le site anti-social.cc propose un logiciel qui bloque l'accès aux sites qui vous déconcentrent et vous empêchent d'être efficace au travail, moyennant 15 dollars.
Nouveau créneau
Les cures de désintoxication d'internet commencent à fleurir aux Etats-Unis, par exemple avec reSTART, qui se présente comme la première offre d'un programme de retraite anti-internet aux Etats-Unis.
D'après son site, la plupart des cas traités ont entre 18 et 28 ans, et éprouvent des difficultés pour finir leurs études en raison d'une utilisation intensive d'internet. D'autres ont du mal à établir ou maintenir des relations sociales normales dans la vie réelle.
«Je n'utiliserais pas le mot addiction», conclut Remy Oudghiri, le spécialiste d'Ipsos. «Ce n'est pas la même dépendance qu'à la drogue: vous pouvez vous en libérer plus facilement».
afp/SK
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