L’image vaut tous les discours sur la démographie galopante et l’urbanisme obligé de s’adapter. Lundi matin, Cesla Amarelle, Pascal Broulis et Emmanuel Ventura, l’architecte cantonal, sont penchés sur la maquette du vainqueur du concours d’architecture pour le nouveau bâtiment de la faculté HEC. Un écrin à plus de 46 millions conçu pour accueillir jusqu’à 1200 étudiants à l’horizon 2028.
Le propos s’attarde sur le projet primé, se réjouit de «sa parfaite intégration dans le paysage», loue «sa cohérence», avant de dévier. Scrutant les espaces disponibles et les bâtiments alentour à l’échelle réduite, Pascal Broulis pose deux questions à 1 million chacune. Où peut-on encore construire? Quels sont les bâtiments du campus à qui l’on pourrait faire gagner un ou deux étages supplémentaires?
D’un pâturage bucolique, on est passé à une zone où se mêlent les prouesses architecturales.
Les interrogations du grand argentier en témoignent: l’UNIL doit désormais faire face à des défis qui se posent aux villes. En moins de vingt ans, le nombre d’étudiants a pris un ascenseur dont on se demande bien où il s’arrêtera. De 12’000 en 2002, ils sont désormais plus de 17’000.
Ajoutez à cela les étudiants de l’EPFL, les professeurs et les employés des deux écoles et vous obtenez «la deuxième ville du canton». Avec plus de 36’000 usagers quotidiens, le site de Dorigny compte autant d’âmes que les villes de Morges et de Nyon réunies!

En Suisse, peu de campus peuvent se targuer de prendre autant de place. Voire aucun. La plus grande université du pays (Zurich) étant en ville, son campus ne modèle pas son environnement comme ce qui se fait à l’ouest de Lausanne.
D’un pâturage bucolique, on est passé à une zone où se mêlent les prouesses architecturales, Learning Center et Vortex en tête. Le tout porté par une croissance folle (+41%); elle est telle qu’on table sur 61’000 usagers d’ici une trentaine d’années. Le tout sur un confetti de 2 km2.
En marge d’une recherche de pointe reconnue loin à la ronde qu’il ne faut surtout pas négliger, les hautes écoles doivent désormais jouer les urbanistes.
Elles se dotent d’un schéma directeur, parlent architecture, densification… Et toutes les occasions sont bonnes. La preuve dans une petite phrase de l’État, qui évoque le projet du jour… lequel laisse «des possibilités d’évolution».
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Éditorial – Le campus au défi des grandes villes
Avec une densité urbaine dix fois supérieure à celle de Lausanne, le campus de Dorigny doit, aussi, se piquer d’urbanisme.