Maladies infectieuses«Le changement climatique nous rapproche d’espèces menaçantes»
L’expansion des espèces animales vectrices de virus tropicaux est l’un des éléments qui lient réchauffement du climat et santé humaine.

Le changement climatique impacte-t-il la santé? C’est le thème de la table ronde qui réunira Nicolas Senn (chef du Département Médecine de famille à Unisanté), Valérie D’Acremont, (médecin et épidémiologiste à Unisanté) et Cleo Bertelsmeier (professeure au département d’écologie et d’évolution de l’UNIL), le dimanche 4 juin à partir de 12 h aux Mystères de l’UNIL.
Il y sera notamment question de l’expansion des espèces animales invasives, l’une des spécialités de Cleo Bertelsmeier. La biologiste en donne un avant-goût.
Comment le changement climatique influence-t-il les espèces présentes en Suisse?
Des espèces originaires des régions tropicales ou subtropicales commencent à migrer vers les pôles pour retrouver des conditions plus favorables. Certaines arrivent donc en Suisse alors qu’il y faisait trop froid pour elles auparavant. Le moustique tigre, par exemple, peut passer l’année en Suisse alors que c’était inimaginable il y a 20 ou 30 ans. Je peux également citer le frelon asiatique, qui est un problème pour les abeilles, ou l’escargot géant africain. Ce dernier est devenu très populaire, il est vendu comme animal de compagnie et, s’il est relâché dans la nature, il semble qu’il peut survivre sous nos latitudes.

Quel problème sanitaire posent ces nouvelles espèces?
Le principal risque est la transmission de maladies infectieuses. Je cite à nouveau l’escargot géant africain qui peut transmettre un parasite par simple contact avec la peau humaine. Beaucoup d’animaux peuvent être des hôtes intermédiaires et c’est problématique. Nous l’avons vu avec le Covid ou encore avec la maladie de Lyme pour laquelle les tamias de Sibérie (ndlr: ou écureuil de Corée) seraient un réservoir, eux qui ont été importés puis relâchés en Europe. Le changement climatique nous rapproche donc d’espèces menaçantes.
«Des espèces originaires des régions tropicales ou subtropicales commencent à migrer vers les pôles pour retrouver des conditions plus favorables. Certaines arrivent donc en Suisse alors qu’il y faisait trop froid pour elles auparavant.»
Jusqu’où le changement climatique influencera-t-il la répartition des espèces?
Les études sur les changements d’aires de distribution montrent qu’il y aura nécessairement des espèces gagnantes et d’autres perdantes, que celles qui sont dites «opportunistes» vont s’adapter tandis que les «spécialistes» seront très affectées. Personnellement, je suis pessimiste sur le bilan global, qui sera très négatif pour la biodiversité.
À quelle vitesse s’effectue ce brassage?
Cela dépend des espèces. Les papillons et les oiseaux peuvent se disperser très vite puisqu’ils volent. Certaines sont beaucoup moins mobiles. Mais le fait que l’humain se déplace de plus en plus et transporte avec lui toutes sortes d’espèces accentue les mouvements. Cela peut donc aller assez vite.
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